Audition 1 et 2

Audition 1

L’angoisse qui monte et contamine toute la famille. Mon gosse tremble pour moi, il en fait des cauchemars et lorsqu’il me demande si je suis prêt, il a des sanglots dans la voix, détends-toi chéri, mais détends-toi à la fin. Rien ne devrait se payer si cher. Répète-le après moi, ce n’est qu’un concours, et si tu le rates aucune importance, l’avenir t’appartient car tu as du talent, il faut juste apprendre à le vendre.
Une cafétéria déserte et contre le mur du fond un large aquarium où trois quatre poissons attendent comme moi
L’angoisse qui monte
Je passe dans dix minutes
Quinze minutes d’exposé et là j’ai fait le maximum, dix minutes de question et là je peux me planter. Manque de répartie, d’à-propos. Je suis un besogneux, je ne sais pas éblouir avec de grandes phrases, des concepts et des références haut placées. J’étais aide-soignant au départ. Je n’avais que l’écriture pour ambition.
Cinq minutes
J’ai envie de vomir
J’ai envie d’une clope
De serrer mon fils contre moi. Dans une heure le cauchemar sera enfin terminé.

Audition 2

Au dehors le soleil brille et je suis à deux doigts de partir laisser la place et j’en ai envie et je ne le ferai évidemment pas, je veux réussir, faire carrière et je ne suis pas seul sur ce coup, des gens ont pris du temps, de l’énergie, ils sont avec moi et je ne dois pas les décevoir mais quand même, ce cirque grotesque… la vie sur un coup de dé. Je n’ai aucun respect pour eux et ma vie est entre leurs mains. C’est grotesque. C’est le jeu. The game is the game, always. Le soleil brille et j’attends sagement mon tour. Ils sont en retard déjà. Je veux partir. Marcher. Marcher vite en fumant cigarette sur cigarette, je ne risque rien, j’ai ma Ventoline, marcher vite en fredonnant une chanson des Shériff. Qu’est-ce qu’on attend pour les pendre haut et court ? par exemple. Je reste assis. Noircis mes feuilles. Dix mois que je prépare ce concours. Dix mois que je suis malade sans cesse. Dans une heure tout est fini. Je descendrai au soleil prendre le tramway en fumant cigarette sur cigarette et chanterai soleil ou pas soleil, c’est tout le temps pareil…

Meudon, 7 avril 2014

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