brèves et fatras – alcool etc.

L’hébergement gratuit sur internet suppose que les données déposées sont destinées à être commercialisées sans que l’on sache comment – et ça m’ennuie. La plupart des bricoles parues sur le micro-blog brèves & fatras – textes minuscules et notes en vrac sont ici, et .

C’est le troisième verre qui pose problème. J’ai arrêté les bars avec la naissance du môme et un verre aujourd’hui, un verre de whisky, ne fait pas 3 ou 4 cl. Non. Le troisième verre fait franchir le seuil critique de la demi-bouteille. Je le sais. Je le prends. Et j’y prends plaisir.
Je sais pourtant que je le payerai cher. Je passerai une sale nuit, entre sang et sueur. Je m’éveillerai à 5 ou 6 heures le crâne lourd. Au pire et cela m’est déjà arrivé je serai nauséeux tout le week-end. Mais il en reste et j’ai soif encore. Je suis capable de lire encore. De boire encore. Et me moque des conséquences. (Paris, 10 avril 2015)

lorsque je suis saoul et c’est le cas maintenant
je ne fume pas de la même façon
je pense différemment
les phrases se bousculent
les images passée
les prénoms et leurs odeurs
ce n’est pas très glorieux
jouer avec les fantômes féminins du passé
les oublis
les règlements de compte
toutes ces paroles que je n’ai pas su prononcer
lorsque je suis saoul et c’est le cas maintenant
la mélancolie s’installe
douce
familière
et je me blottis en elle, rassuré

l’alcool est peut-être un problème
la vie aussi
je noie l’une dans l’autre et n’en suis pas fier, c’est comme ça
j’ai même honte parfois
je reprends un verre
il y aurait sûrement mieux à faire
mais là
tout de suite
je ne vois pas

et quand cette charmante jeune femme me dit en rigolant qu’elle ne comprend pas ce que je viens faire au bureau alors que je suis entre deux contrats, que veux-tu que je lui réponde ? que j’ai besoin d’un public pour rire et fonctionner à peu près correctement ? que si je reste seul chez moi, je tourne en rond, m’arrache la peau, n’ai envie de rien si ce n’est boire, me branler et dormir ? que seul je ne suis bon à rien et utile à personne alors autant venir bosser ? ce ne sont pas des choses à dire à une charmante jeune fille alors je sors une quelconque bêtise pour la faire sourire. puis je m’éloigne. (23 sept 2014, Paris)

J’essaye de me rassurer parfois. Je n’ai pas trahi. Mes colères sont toujours intactes. Juste j’ai appris à les dissimuler. Près de quinze ans qu’aucun flic ne m’a demandé mes papiers. Qu’aucun contrôleur ne m’a collé d’amende. Que je n’ai pas eu de saisie sur mon compte. Oui, je ne me ferai plus repérer bêtement. Ils ne font plus attention à moi. Et je ne me rassure pas tout à fait. À force de raser les murs et de feindre la normalité, je suis devenu aussi inoffensif que le premier contribuable venu. (Paris, 14 juin 2015)

tes arguments ont du poids
ton physique des attraits
le cul surtout
ta conversation n’est pas totalement lamentable et je n’avais pas baisé depuis un an et douze jours
excuse ma grossièreté
je manque de tact parfois

Il faudrait être léger toujours, souriant et drôle. Il faudrait surtout, surtout ne pas se prendre la tête. C’est cool tu vois. C’est sympa. C’est fun et tous les acronymes d’abruti-e-s, lol, mdr, ptdr et si vous ne savez pas écrire, si vous ne savez pas parler, si vous ne réalisez pas à quel point chaque jour est un combat contre la paresse et la médiocrité satisfaites, désolé mes chéries et chéris, c’est juste que nous ne vivons pas dans la même réalité.

nous ne sommes fiers de rien
nos luttes dérisoires
nos victoires en trompe-l’œil
les journées de lassitude
tout ce cirque étriqué
elle se serre contre moi
j’oublie les phrases précédentes
j’oublie aussi les années (1993 ?)

C’est plus facile aujourd’hui. Je ne me trompe plus d’ennemi. J’ai appris les règles, je parviens même à les appliquer au besoin. Je sais cacher mes peurs et mes faiblesses. Je sais tuer mes désirs l’un derrière l’autre. J’arrive à mentir et à mettre un masque lorsque c’est utile. Je n’ai rien perdu de mes colères et de mes révoltes, c’est juste qu’aujourd’hui j’arrive presque à trouver la vie agréable, et je suis même partant pour continuer encore un peu.

Il faudrait parler
Dire ce qui ne va pas
Exprimer malheur et mal-être (Casey, 2006, Dans nos histoires)
Partager tu vois
Il faut que ça sorte
Ce n’est pas bon sinon
Ça te bouffe, ça t’étouffe
Il faudrait parler
Et jusque dans les métros ça pleurniche à toute heure
Et je pense évidemment au pilote des Sopranos
“What happened to Gary Cooper? The strong, silent type”
Jamais tu ne m’entendras me plaindre
Je pleure quand je suis seul mais en société
Quoi qu’il arrive
Je fais et ferai bonne figure

je n’ai pas toujours fait du mieux que je pouvais
il y la paresse
il y a l’alcool et le tabac
les nuits qui n’en finissent pas et ces après-midis où je m’effondre
il y a ces femmes perdues de vue
perdues de nom
c’est à peine si je me rappelle avoir couché avec elles
et pas une image n’est restée

les grands slogans
les formules pompeuses
la vérité vraie au détour de chaque phrase
les drapeaux claquent dans les cerveaux
je hais les militants et leur arrogance vertueuse…
les seules luttes d’importance sont personnelles
et s’inscrivent sans tapage en nos gestes
sur nos peaux

comme chaque matin
réveillé à 4 ou 5 heures
le souffle court
j’attends un peu puis me lève sans bruit
sans envie
le café coule
un livre dans la cuisine
vers 6h30 je fumerai une clope sur le balcon
penserai à celles et ceux qui sont parti-e-s
mes journées commencent souvent trop tôt
et d’humeur incertaine

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