Archives de catégorie : 2010 et après

poèmes récents

une année pile

c’était hier je me rappelle, c’était il y a un an et il m’a fallu crever l’abcès, il m’a fallu lui avouer qu’elle m’obsédait, que je ne vivais plus que pour la voir, l’entendre, être prêt d’elle, je ne vivais plus que pour elle. je n’ai pas su lui dire. je n’ai pas su exprimer ce que je ressentais. ni pourquoi il était indispensable qu’elle devienne – si tel n’était pas déjà le cas – amoureuse de moi sinon c’était fichu, sinon vivre n’avait plus la moindre importance et je n’ai rien su dire, je n’ai pas su terminer la moindre phrase intelligible, sensée ou sensible. j’ai juste été capable de bredouiller qu’elle m’attirait. c’était ridicule. Continuer la lecture de une année pile

La sobriété 1

j’étais à Tours en septembre 1989 et c’était ma première soirée dans ma première chambre d’étudiant, 16 mètres carrés en centre-ville, ça coûtait une fortune à mes parents qui se sépareraient deux ans plus tard et je me sentais coupable et je suis sorti sur la place et me suis rendu à la supérette voisine pour acheter un pack de six kronenbourg
bouteille, 25 cl
je l’ai fini en deux ou trois jours
je ne sais plus
je ne l’ai pas noté je crois Continuer la lecture de La sobriété 1

chaque moment

J’ai vécu chaque moment tu sais avec une intensité incroyable, les joies, les peurs, l’agacement et je n’imaginais pas ça possible, je ne pensais pas que c’était pour moi, j’étais trop sombre trop noir trop laid, le monde était vraiment trop… trop dégueulasse et froid.

on en parlait avec celle-là il y a plus de vingt ans et nous nous imaginions avec deux enfants, une fille, un garçon, on avait les prénoms déjà et puis nous nous sommes déchirés enfin, je suis parti en saccageant tout derrière moi et après… après il y eut ce couple malade que je formais avec celle-ci et je n’ai jamais écrit là-dessus et j’évite le plus souvent d’y repenser car on a le droit de se foutre en l’air, on a le droit de survivre en zombie sans la moindre exigence, sans le moindre respect de soi-même mais pas en prétendant aimer quelqu’un.e parce qu’on ne tient plus debout seul et lorsque celle-ci est tombée enceinte, elle a avorté et j’aurais voulu qu’on le garde et celle-ci avait raison bien sûr, comme celle-ci a eu raison de partir ensuite Continuer la lecture de chaque moment

ethos de classe

et lorsqu’au repas de l’amicale des locataires ou dans un concert ou plus généralement chaque fois que je ne suis pas dans un contexte universitaire et donc lorsqu’on me demande et toi tu fais quoi ? je réponds que ça fait un an que je suis chercheur au cnrs. je ne réponds pas chercheur au cnrs. non. et comme je dis depuis un an et que je commence à marquer, on me demande ce que j’ai fait avant et là je déroule le cv connu par cœur, aide-soignant pendant 8 ans, formateur pour adultes pendant 7, j’ai repris mes études en L3 et voilà. et je sais que c’est ridicule parce que ce n’est pas totalement vrai, ce n’est pas un beau parcours, c’est juste une anomalie. après le bac, j’ai saboté mes études les unes après les autres, ça n’a rien de glorieux. Continuer la lecture de ethos de classe

Arnaud Michniak et la fidélité

C’est difficile la fidélité, que ce soit en couple ou en musique. Je n’aime plus ce que fait Arnaud Michniak alors que je le tiens pour l’un des chanteurs les plus importants des vingt dernières années. Je télécharge ses albums sur bandcamp, je les écoute, je saute les morceaux les uns après les autres, ça ne va pas, ça ne me plaît pas, je ne les réécoute jamais mais ne parviens pas à les jeter. Lorsque je lis ses textes, ça va, je le retrouve mais cette façon de les chantonner, cet accompagnement musical anémié, c’est pénible, c’est pénible mais je garde. Je lui reste fidèle. Il est trop important, trop précieux et je dois continuer à lui faire confiance. C’est une question d’éthique. Continuer la lecture de Arnaud Michniak et la fidélité