elle s’appellerait Sandrine / Saturday

Elle s’appellerait Sandrine

ce serait juste un poème
comme il en existe déjà quelques milliers d’autres
et alors ?
je n’ai rien à dire et je continue
je n’ai rien à vivre et je fais pareil

l’impression de ne guère avoir le choix
les mêmes routes empruntées x fois

elle s’appellerait Sandrine
ce qui manque un peu d’originalité je veux bien l’admettre
et quand bien même…
sans doute est-elle mariée
un ou deux gamins en route
la maison à crédit
double garage
une brave fille bien dans la norme
n’empêche l’éclat de ses yeux
sa voix grave
son cul haut perché

et dès qu’elle m’adresse la parole aussitôt je transpire
ne sais plus où me mettre
je ne trouve plus mes mots
je fais le puceau
mais pour supporter la vie ici
c’est elle qu’il me faudrait
je crois

21 août 2001, Pau, saoul


Saturday Night Fever

jazz yiddish disait le programme
je n’ai pas retenu le nom du groupe
des alsaciens je crois
regarder la musique et n’y rien voir
ni de bon ni de mauvais alors
n’y rien désirer comprendre

il est déjà tard et
déjà deux autres verres
un whisky
une bière
et puis une nouvelle cigarette
car tel est l’usage

les images se collent à nous faute de mieux
un whisky médiocre
la bière en gobelet plastique
entre deux morceaux je feuillette Libération
je me saoule avant de rentrer seul
hier comme aujourd’hui – mais demain je regarderai Urgences à la télé

ce soir mes choix se paient au prix fort
cigarettes 22f50
demi 14 fois 4
whisky 25 fois 4 plus des bricoles en pourboire
178f50 simplement pour ne pas vivre
un dimanche matin supplémentaire

Pau, été 2001

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