les moments vides

Quand j’étais seul c’est vrai, c’était plus facile quand même. Pas au niveau financier, sentimental ou sexuel, là non, c’était le plus souvent laborieux. À l’occasion, cela devenait n’importe quoi… Il y avait les moments vides et eux manquent à l’appel. C’est vrai aussi, il n’y avait pas internet… Pas de jeux en ligne ou de Facebook. Pas de site d’actualités plus ou moins payants. De sites de photos, de vidéos, de musique, il n’y avait rien et je n’avais pas non plus de télévision… Une radio juste. Une chaîne de qualité moyenne. Un vieil ordinateur et des piles de bouquins dans le couloir. Alors trouver du temps à ne rien faire ou bien n’importe quoi était plus facile, oui.

S’allonger dans le noir pour y écouter de la musique. Passer un album en boucle et de plus en plus fort et parfois verser une larme – cela fait dix ans que je n’ai pas pu écouter Berlin de Lou Reed. They’ve taken her children away / Because they say she is not a good mother… Pareil pour Et basta ! de Ferré. Certains albums ne peuvent pas s’écouter correctement en famille. Certains textes ne peuvent plus être écrits aujourd’hui. La musique et l’écriture… Attendre l’aube patiemment un stylo à la main, une clope dans l’autre. Un verre pas très loin. Demain je ne travaille pas et les horaires importent peu.

Reprendre un texte, le modifier. Faire comme si c’était important. Relire encore et encore jusqu’à ce que la moindre virgule ne puisse plus être déplacée ou supprimée. Guetter les redondances et les adjectifs superflus. Chasser tout soupçon de complaisance… C’était plus facile oui. Je ne serai jamais écrivain. Je ne sais pas ce que je serai. Je fais un père correct jusqu’ici, il ne faut pas trop en demander.

grepo

Paris, août-septembre 2013

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