souvent mal

il m’a fallu près d’une semaine cette fois-ci
et encore
ce n’est pas tout à fait terminé
ça pourrait encore saigner

deux soirées en ta compagnie
dont une qui se prolonge trop tard
je te parle ou plutôt j’essaye et ce n’est pas glorieux
ce n’est même pas convaincant ou touchant ou que sais-je
j’attends ça depuis tellement longtemps et
je n’ai tellement pas l’habitude de me confier
je me renferme aussitôt
ai envie de m’excuser et ne le fais pas
te souhaite une bonne nuit
pars dans la nuit et déjà les larmes coulent
les sanglots attendront ma chambre

le lendemain nous passons trois heures à discuter en ville sans rouvrir le dossier
on parle boulot, comme d’habitude
le lendemain nous nous quittons trop vite sur un quai de gare et
sept jours de rang je ne suis bon à rien
je me repasse ce bon vieux Miossec
je chiale dans des wagons de seconde classe
je compte les jours jusqu’à notre prochaine rencontre et pourtant je le sais
il ne se passera rien
il ne se passera jamais rien

j’ai besoin de te voir t’entendre te parler
j’ai besoin de t’avoir près de moi
et comme tu vis 800 bornes trop au sud c’est clair
j’ai souvent mal
oh je ne me plains pas
je suis plus vivant depuis toi ma toute belle

Rouen-Paris, 1 octobre 2015

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