ne pas trembler
ne rien attendre
inspirer du bruit
du bruit c’est tout
ne demande rien de plus
la guitare trop lourde
l’ampli miniature
j’accorde
les mêmes riffs encore et encore
barrés
power chords
les mêmes mélodies sur cinq ou six notes
du bruit sobre dans l’ensemble
en boucle
tourner en rond
en rond dans le bruit
ne demande rien d’autre
menteur…
lorsque j’ai enfin osé rentrer à Paul Beuscher pour m’offrir une guitare électrique et un ampli, vingt ans que j’en rêvais, cinq ans que j’en avais les moyens et je n’osais pas ; lorsque je me suis offert cette Yamaha imitation Stratocaster – c’était avant que le petit frère entre deux déménagements me laisse la Gibson Les Paul Custom en dépôt à la maison – je me suis promis de monter sur scène pour mes cinquante ans et je ne suis pas certain d’y parvenir. c’est tout bientôt. comment on fait pour chanter tout en jouant ? j’essaye. je prends des morceaux que je connais. Roadrunner. Hey hey my my. Des morceaux simples, rien à faire. soit je chante (mal), soit je joue (mal aussi) mais les deux ensemble je bloque.
une heure plus tard
les doigts se crispent
je n’en peux plus
tourner en rond en bruit
tourner seul
je ne m’amuse pas autant que je le souhaiterais
je ne progresse pas autant que je le souhaiterais
et je ne vois pas bien où ça me mène
c’est vrai pour la guitare
c’est vrai pour pas mal de choses
Paris, 4 août 2019