C’est un peu pénible à lire donc je ne les lis pas mais rien que de les voir passer jours et nuits c’est pénible, tous ces statuts facebook, tous ces éditos, toutes ces déclarations, ces slogans, ils se ressemblent tous, ils jouent tous la carte du chantage et de l’émotion, ils puent la morale et les bons sentiments, c’est Oui-oui vote aux présidentielles, ou Martine, comme vous voudrez, et c’est quand même super lourd, c’est à peu près aussi lourd que cette phrase est longue et encore, je me retiens, quand j’ai commencé à écrire je pouvais faire des phrases sans ponctuation qui courraient sur des cinq ou dix pages, je pense que c’est à cause de Bleu comme l’enfer de Djian mais bon, c’est une autre et ancienne histoire.
Tous les articles par Laurent Baug
#NiPatrieNiPatron, épisode 1
En 2002 je ne votais déjà pas, je n’étais pas inscrit déjà et franchement, l’élimination de Jospin au premier tour, ça m’avait fait plutôt plaisir. Je n’avais fait aucune des manifs appelant à voter Chirac, pardon, à « faire barrage contre l’extrême-droite » et « la jeunesse emmerde le front national* » et « F comme fasciste et N comme nazi » et blablabla. J’avais été à la manif du premier mai et le nombre de drapeaux tricolores et d’ahuri.e.s braillant la marseillaise m’avait fait repartir très vite. Et on connaît la suite : Super Menteur élu avec 82% des suffrages exprimés et une bonne grosse politique de droite derrière. Bien. Quinze ans plus tard, ça donne quoi ? Je la fais rapide parce que ça ne mérite pas non plus d’y passer des heures tout ça. Un banquier d’affaire ultra-libéral, une réactionnaire xénophobe. Et les injonctions commencent…
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Les Deads boobs : Ta France
Ça commence à bien faire. J’ai eu envie d’écrire ce texte dès que ce morceau a été mis en ligne, le 23 février dernier donc. Et ça va faire deux mois que je ne prends, que je ne trouve pas le temps, et ça m’agace car c’est typiquement le genre de texte qui peut avoir un tout petit intérêt s’il est écrit et mis en ligne rapidement. Donc tant pis. Ce ne sera pas abouti, ce sera bancal et ça manquera de finesse, de nuance, de tout ce que vous voudrez. Mais bon. Ça commence à bien faire donc voilà.
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Certains lieux, certaines villes
SAMEDI
Prendre la voiture et regarder l’heure, putain c’est pas vrai, avant d’ouvrir la vitre et d’élever la voix, mais magne-toi bordel, qu’est-ce que tu fous ? on a rendez-vous à quinze heures trente, son visage apparaît à la fenêtre, ça va, t’excite pas, j’arrive, et lui se retient pour ne pas la traiter de tous les noms, il en a envie mais il la ferme, il refuse de rentrer dans son petit jeu, il sait très bien où elle veut en venir. Et ce dont elle est capable. Il a l’habitude. Soupire. Reste calme mon grand, respire. Oui, c’est bien. Bientôt trois ans que ça dure, il commence à la connaître. Elle a toujours le dernier mot, ça n’en vaut pas la peine. Et puis, quand elle boude, inutile d’espérer baiser. Déjà que souvent, elle se défile.
Et comme il ne paraît pas raisonnable de lire une nouvelle de 30 pages sur ce blog, la suite est dans le fichier téléchargeable ici (pdf, 124 ko). À l’époque, je n’avais pas repris mes études, je travaillais le moins possible pour pouvoir écrire le plus possible. La situation a changé depuis. Et je venais de passer seize ou dix-huis mois dans une ville de province…
Printemps – été 2016, lexique – deuxième partie
Ceci est un prolongement. Une première tentative a été mise en ligne ici-même en décembre dernier. Les plus fidèles de ce blog remarqueront que l’entrée 1 mai 2016 fait ici une nouvelle apparition. Je n’en ai pas fini avec ce printemps, je n’en ai pas fini avec ce mouvement et ce qu’il a réveillé, révélé et créé. Je ne compte pas m’arrêter de lutter, je ne compte pas arrêter d’écrire. A mon rythme et sans toujours y croire. Parfois je fatigue. Je doute trop pour être vraiment efficace mais ce n’est pas très grave et puis, il n’y a plus rien d’autre à faire je crois.
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Ascension sociale
Quoi qu’il arrive, si tu ne trouves pas de boulot, si tu dois coucher pour éviter les ennuis ou augmenter ne serait-ce qu’un tout petit peu tes chances d’atteindre ton objectif, avoir un poste, quoi qu’il arrive donc, si tu tombes dans l’alcool et les tranquillisants à haute dose pour enfin parvenir à voler quelques heures de sommeil, quoi qu’il arrive, c’est de ta faute. Tu es grand, tu es responsable. Tu es un individu rationnel, tu connaissais les probabilités de réussite. On t’avait prévenu quand même. On t’avait mis en garde. À plusieurs reprises. Oui. Ne fais pas l’étonné. Ne feins pas la surprise et surtout, surtout ne joue pas l’indignation. Tu n’es plus un gamin. Épargne nous les « c’est pas juste », le cinéma en mode geignard. Il fallait écouter. Il fallait te taire et écouter.
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Enfance sauvage, 2015, Je suis un village la nuit
Je ne connais pas leurs noms, leurs parcours, je les ai vu une fois sur scène à la parole errante, le concert a commencé avec un retard énorme et ils ont abrégé leur set mais j’ai vu la playlist et ils n’avaient pas prévu de jouer Je suis lucide, dommage, dommage car j’en suis persuadé, cette chanson est l’une des branches à laquelle je me suis raccroché lorsqu’après le 13 novembre 2015 j’ai sombré, ce morceau a été une de mes rares béquilles avec quelques amies proches et ma femme et mon fils mais bon, le concert était extraordinaire, le son des deux basses résonne encore dans mon crâne et il est rare encore aujourd’hui que je voyage en train sans écouter au moins une fois très fort au casque Immeuble mou, Je suis lucide ou Nous les chiens. Cela me réveille, cela me rend vivant davantage. Enfance sauvage est avec Emma Pils et quelques autres l’un des beaux secrets de la scène alternative contemporaine.
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Printemps – été 2016, lexique – première partie
Ceci est une première tentative, ce texte est amené à évoluer, à proliférer, à grossir comme a grossi le cortège de tête, cette volonté commune de ne plus se laisser faire. De ne plus obéir à qui que ce soit. Ceci est une tentative, un essai, un brouillon, ceci est un témoignage individuel et situé qui n’est représentatif de rien si ce n’est de ce qui me passe par la tête ces derniers mois. Il n’y a pas d’objectif et il n’y a pas de programme. Il n’y a pas de solution. Il y a une énergie, une volonté. Ce n’est pas grand chose mais nous partons de tellement bas, de tellement loin qu’il fallait bien commencer quelque part. Un second volet suivra avec les entrées Amitiés, Cortège de tête, Femme & enfant, Nuit debout, Slogans, SO et diverses bricoles sans doute.
14 novembre 2015
Date historique. 130 mort.e.s et des centaines de blessé.e.s en plein Paris et pas un seul flic dans le lot, étonnant non ?
Pour aller plus loin, voir les billets tagués massacre.
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une année pile
c’était hier je me rappelle, c’était il y a un an et il m’a fallu crever l’abcès, il m’a fallu lui avouer qu’elle m’obsédait, que je ne vivais plus que pour la voir, l’entendre, être prêt d’elle, je ne vivais plus que pour elle. je n’ai pas su lui dire. je n’ai pas su exprimer ce que je ressentais. ni pourquoi il était indispensable qu’elle devienne – si tel n’était pas déjà le cas – amoureuse de moi sinon c’était fichu, sinon vivre n’avait plus la moindre importance et je n’ai rien su dire, je n’ai pas su terminer la moindre phrase intelligible, sensée ou sensible. j’ai juste été capable de bredouiller qu’elle m’attirait. c’était ridicule. Continuer la lecture de une année pile
Faire du chiffre ou prendre les armes
à Claire, à Silvia
J’ai été recruté au CNRS car j’avais su faire du chiffre et vendre mon produit. Faire du chiffre signifie pouvoir aligner au bout d’un temps donné x publications dont x’ en anglais, y communications dans des colloques dont y’ dans des colloques dits internationaux et z contacts dans des milieux disciplinaires donnés. Mais le bilan ne saurait suffire, reste à vendre le produit. Un.e bon.ne vendeur ou vendeuse est apte à vendre un anti-acarien pour moquette à une personne dont le plancher est en parquet. Un.e chercheur ou chercheuse au CNRS est capable de vendre un projet sur Genre et gouvernance locale dans les Suds à des personnes travaillant sur Les syndicats patronaux de 1968 à 1973 ou l’Alphabétisation des adolescentes racisées issues dans les quartiers en voie de gentrification. Du chiffre et de la vente.
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