nous nous sommes aimés beaucoup trop tard pour envisager la moindre fraîcheur
la plus petite innocence
nous nous sommes aimés et c’était une erreur
une carrière
un enfant
tu exigeais plus et mieux, je n’avais rien à t’offrir
garde tes reproches
je me hais quoi qu’il advienne
et ne sais plus me pardonner
me justifier moins encore
tu pleures comme jamais et ne m’écoutes plus depuis longtemps ce n’est pas très grave tu sais toutes ces histoires de derniers mots dernières lettres dernières sentences pour la postérité… je n’ai jamais su y croire
à ça pas plus qu’au reste
ma plus grande maladie peut-être
mais parmi d’autres
une vie entière ne suffira plus à épuiser tous tes mystères et tes replis et tes zones d’ombres
tous tes charmes
je les laisse au prochain
un enfant…
nous aurions pu en avoir un peut-être mais tu n’en voulais pas pas maintenant pas encore et désormais ce n’est plus l’heure
taille-moi les veines sans trembler
non
jamais le poignet
ce n’est pas efficace
la jugulaire
remets tes gants il est inutile que tu prennes froid
il est inutile
Paris, octobre 1998 (revu début 2000)
Note : précède chronologiquement et thématiquement Élégie n°2 publié ici il y a quelques mois. Auto-distribué à l’époque dans un recueil titré Whisky premier prix. L’image est un détail d’une gravure de F. Weil (http://www.francoisweil.eu/gravures/e65x50_2010.php).