Commençons par ce qui fâche.
1. le nom. Ils répètent à Saint-Maur, ils se nomment les dead boobs. Super drôle.
2. le côté homophobe. Sans doute du quatorzième degré mais j’ai du mal quand même. Comme l’introduction du morceau Patrons (« les patrons c’est tous des enculés / faut leur couper la bite à tous ces sodomites »). Le pire c’est en concert lorsque Jean-Louis/Maxime, chanteur guitariste, demande à un type dans le public comment il s’appelle, « Machin Bidule » et le groupe se met à jouer « Le plus gros des pd, c’est Machin Bidule ». Oui, c’est encore du quatorzième degré mais quand on a traîné dans le milieu gay avant l’arrivée des trithérapies, il y a des attitudes qui passent mal…
3. l’absence de tout support physique : pas de vinyl, pas de cd, pas de cassette, rien. Et comme j’aime bien soutenir les groupes que j’apprécie, j’ai à cause d’eux et pour la première fois acheté des mp3 sur bandcamp. Et acheter des mp3 n’est pas vraiment ce que j’ai envie de faire de mon fric…
J’ai découvert les Dead Boobs sur scène dans un squat du 12°, le Stendhal, le 15 mai 2015. Ils passaient avant les historiques Oï Polloï et après les consternants pingouins crucifiés. Leur concert était superbe, nerveux, ils enchaînaient les morceaux et chacun sonnait comme un tube potentiel – Ménilmontant est d’ailleurs rapidement devenu un des nos tubes familiaux. Depuis, dès qu’ils passent quelque part, je vais les voir. J’en ressors en sueur et le sourire aux lèvres. Le son est parfois catastrophique, comme à l’Omadis le 22 janvier 2016, parfois excellent comme au Chêne le 7 novembre 2015, mais ils et elle n’en ont cure et jouent chaque fois comme si leurs vies en dépendaient.
Les paroles sont outrancières, ironiques, désabusés et il (le chanteur est responsable de 90% des paroles semble-t-il) n’a peur de rien. Malik Oussekine se retrouve « égaré dans la Sorbonne infernale / le héros s’appelle Malik Oussekine » sur l’air de l’aventurier des vieux garçons coiffeurs d’Indochine. Il souhaiterait être lesbienne ainsi il n’aura « plus besoin d’aller aux putes au bois de Vincennes ». Parfois le ton est plus âpre, plus amer et une vraie mélancolie apparaît dans Amoureux de toutes les filles (« Aucune fille ne veut de moi / À part bourrée mais ça compte pas ») ainsi que dans le morceau qui m’a donné le frisson à ce tout premier concert, un morceau sur les intermittents du spectacle qu’ils et elle ne seront jamais (trop fainéants, pas assez de talent, et on ne chante ni pour l’argent ni pour les gens dit-il en substance). Et en les entendant cette première fois, je me disais que des tas de groupes moins talentueux ont réussi à faire une petite carrière dans les années 80-90, avant l’arrivée des mp3 et du téléchargement de masse, avant l’effondrement économique – amplement mérité mais c’est une autre histoire – de l’industrie musicale. Et je trouvais ça triste.
Je croise Jean-Louis/Maxime régulièrement, à la Comédia, au CICP, aux concerts de Trotski nautique. Il est souvent avec des ami.e.s donc je n’ose pas le déranger. Je n’ai d’ailleurs pas grand chose à lui dire : « J’aime beaucoup ce que vous faîtes, vous avez des concerts prévus ? » ridicule… J’ai papoté 5 minutes une fois avec Laurent Humbert (titre d’une excellente chanson par ailleurs), guitariste des Dead Boobs et leader des inénarrables Putain de bordel de merde ça casse les couilles fait chier (je crois ne rien oublier) mais au concert suivant, il est passé devant moi sans me reconnaître, je ne me suis pas manifesté. Je suis un groupie consternant et les Dead Boobs sont l’un des meilleurs groupes de punk du moment et c’est tout ce qui importe.
Pour creuser l’histoire :
Konstroy, émission du 28 avril 2013, avec interview des quatre membres (Estelle n’est pas encore à la basse) et concert acoustique : http://dawablog.net/konstroy/index.php?post/2013/04/28/Les-Dead-Boobs
Page bancamp : https://lesdeadboobs.bandcamp.com/
La page la plus complète sur l’historique, les changements de musicien.ne.s et une interview des 4 membres actuels et d’un ex-bassiste : http://thepanicgoldfish.tumblr.com/search/dead+boobs
Et une longue interview dans le premier numéro du fanzine édité par la Social Crash Asso mais je n’ai pas encore mis la main dessus (trop de Nuits Debout et plus beaucoup de concerts…)
Paris-Rouen, mars 2016
Alors le côté homophobe oui c’est complètement du 14ème degré. C’est juste que c’est marrant et gratuit, et je pars du principe qu’on est entre gens intelligents qui peuvent se permettre de faire des blagues racistes ou homophobes vu qu’on sait qu’on est tolérants.
Les paroles des patrons et de Malik Oussekine c’est entre autre de la parodie des groupes que j’écoute et qui ont des paroles relativement basiques. (mais pas que)
Et sinon n’hésite pas à venir nous parler on dira des conneries et ça sera sympa.