PJ Harvey a mon âge, ce qui aujourd’hui ne signifie pas grand chose tant vivre est devenu une habitude à laquelle on ne réfléchit plus guère. Il y a des moments où ça va bien et d’autres où c’est une horreur, il y a des crises, des doutes mais bon, ça fait plus de quarante que ça dure et on finit par savoir un peu se défendre, quitte à s’abimer dans des produits divers et variés, légaux ou non. Ça arrive encore de s’effondrer en larmes la nuit venue mais le lendemain on va acheter les croissants pour les enfants avant de partir au boulot l’air de rien.
PJ Harvey avait mon âge en 1992, ce qui change tout. Une femme de mon âge en couverture des Inrockuptibles. Une femme de mon âge passant chez Lenoir toutes les semaines. Mais surtout une femme de mon âge capable d’écrire sur son dépucelage (Happy and bleeding) ou sur le triolisme (Oh my lover). Moi qui n’avais encore jamais touché la moindre femme. Une femme capable de mener un groupe au son sec et brutal, moi qui savais tout juste aligner trois accords après des dizaines d’heures à m’esquinter les doigts sur une guitare acoustique de qualité médiocre. Continuer la lecture de PJ Harvey, Dry, 1992