Tous les articles par Laurent Baug

Perdu

[dévier les trajectoires #9 est terminé. il faut juste que je prenne le temps de l’imprimer, de le relire, de corriger les coquilles, de mettre les copies sous enveloppe. je suis lent. dévier les trajectoires #9 se termine par ce texte.]

C’était un joli film kosovar et des films kosovars, je ne pense pas en avoir vus beaucoup dans ma vie, j’ai beau aller au cinéma deux à quatre fois par semaine, les films kosovars ne courent pas les rues, du roumain tant que tu veux, du sud-coréen ou du japonais plus encore mais du kosovar, clairement non et mon fils a bien aimé aussi et alors que nous rentrons tranquillement à pied vers le nord-est, il me demande si ça m’est déjà arrivé d’être perdu comme l’étaient les deux jeunes héroïnes du joli film kosovar – Notre monde mais ça aurait pu s’appeler Un monde sans pitié. Je réfléchis un peu avant de dire non, pas vraiment et c’est fou quand même de pouvoir mentir de manière aussi éhontée. Je suis sincère, c’est juste que fin décembre 1995 et le deuxième semestre 1996, je n’y pense jamais et je n’en parle jamais, je refuse d’y retourner. Il n’y a plus guère de trace.

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dévier les trajectoires #6

Contrairement à ce que j’écrivais ici il y a quelques mois, ce blog invisible continue. Mon fils a gentiment insisté ; j’ai payé le nom de domaine pour deux années de plus. Je ne poste plus de billets de blog, dévier les trajectoires continue sous sa forme de numéro à peu près trimestriel. Si vous souhaitez recevoir l’exemplaire papier, vous laissez votre adresse en commentaire – elle ne sera évidemment pas publiée. La version pdf est disponible au téléchargement quelques semaines plus tard.

dévier les trajectoires #6, été 2023 (.pdf)

Domicile-travail (2020-2022, texte inachevé)
Un compte Tinder (deuxième essai) (été 2022)
Poème interminable (hiver 2022)
Vous oublier (noël 2022)

Numéros précédents accessibles ici.

Le #7 est presque près, le #8 aussi, le roman avance, à suivre.

Paris, 22 août 2023


dévier les trajectoires #5

une place dans ce monde / questions réponses / week-end / une vieille histoire / replonger / requiem pour GD / de la musique à la rentrée / raté / le retour / pas possible / je fais des efforts /sans titre / correspondance / les villes aujourd’hui

printemps 2023

téléchargement en version pdf

dévier les trajectoires – archives #2Écrire sur le rock (été 2023)

numéros antérieurs

dévier les trajectoires # 4 – janvier 2023

dévier les trajectoires #3 – automne 2022

dévier les trajectoires #2des visages, des figures – été 2022

dévier les trajectoires #1 – hiver 2021-2022

dévier les trajectoires archives #1Les variations Myriam, 1997-1999

dévier les trajectoires #0 – automne 2021

Préparer la fin de toute chose

Bonjour à toi lecteur ou lectrice venue de je ne sais où. J’espère que tu vas bien. Message rapide pour t’informer que ce blog disparaitra en août prochain. Et que l’expérience dévier les trajectoires papier s’arrête faute de lecteur et de lectrice – merci aux quatre personnes ayant laissé leur adresse, j’espère que recevoir ces bricoles dans vos boîtes aux lettres vous a plu.

Je continuerai à écrire, c’est une habitude difficile à perdre. Mais je n’ai pas spécialement besoin ni même envie d’être lu. A vingt ans, à trente ans, je voulais être écrivain. Je n’ai pas réussi et ce n’est pas très grave.

Bise, prenez-soin de vous.

Aubervilliers, 14 mars 2023

Vieillir – improvisation

C’est plutôt tranquille d’approcher les 50, je ne me voyais pas durer si longtemps. Je manquais d’imagination. Si tu m’avais dit ça à 20 ans, je ne t’aurais pas crue mais à 20 ans, tu ne m’aurais pas adressé la parole tu sais, je ne laissais personne m’approcher alors, je ne laissais personne me parler, me toucher et je n’osais rien, je voulais mourir et tout était douloureux, pénible… Tout ce temps perdu quand même. Tout ce que je n’ai pas su faire, tout ce que je n’ai pas su oser. Je suis un garçon lent.

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sinon vous, ça va ?

vous allez bien ? vos proches aussi ? et ces vacances alors ? pas trop déçu ? j’espère que vous n’êtes pas tombé dans une de ces villes touristiques où les maires se la jouent fascistes à deux balles, et le masque il sera obligatoire dans telle et telle rue, et la plage, elle sera fermée de telle heure à telle heure, et si vous n’êtes pas sages, vous aurez des amendes et les drones vous survoleront nuit et jour et le moindre agent de sécurité aura le droit de vous verbaliser, oui. 135 euros. et au bout de quatre amendes, prison ferme. c’est une question de santé publique vous savez. ce qui est interdit. ce qui est autorisé. comme pendant la farce du confinement. ce qui est marchand est autorisé. ce qui est source de plaisir, surtout si c’est gratuit, ne l’est pas. et c’est pour votre bien alors arrêtez de chouiner, vous nous remercierez plus tard. tu parles.

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Money

Non, ceci n’est pas un texte sur Pink Floyd (private joke)…

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que j’ai voulu ça ? Que je suis fier d’être ce que je suis devenu ? Femme, enfant, salaire et logement corrects ?… Non, évidemment non. Je n’imaginais pas ça. Je voulais être écrivain tu sais. J’ai pu fantasmer être rock star à la Cantat ou à la Nick Cave sauf que je suis moche donc écrivain ça semblait possible. Merci Bukowski, tu ne sais pas à quel point tes nouvelles ont pu m’aider. M’autoriser à rêver un futur qui ne soit pas totalement lamentable, qui soit autre que des renoncements en cascade. Ça ne s’est pas fait. Je n’ai pas su faire en sorte que cela devienne possible. Pas assez de travail. Pas assez de liens. Ce n’est pas grave. Les regrets ce n’est pas très grave. Il y a un truc quand même. Plusieurs fois dans ma vie, j’en ai chié. Je n’avais pas de quoi bouffer. Je n’avais pas de quoi m’acheter des clopes. Je fouillais les poubelles. Récupérais les mégots sur les trottoirs. J’ai raconté ça dans Adulte hôtel il me semble – je n’ai pas vérifié, je ne relis jamais les textes terminés. Et ça c’est fini. Plus jamais. Je mange à ma faim, je fume et bois trop et je paye les vacances à la famille et je n’ai plus à surveiller mon compte en banque. Je ne suis pas libre, non. Je ne suis pas écrivain. Je ne suis évidemment pas rock star. Je suis un type sans importance pour qui le fric n’est plus un problème parce que j’ai gardé mes habitudes de pauvre. Et, finalement, ce n’est pas si mal tu sais.

Paris (?), décembre 2019