Non, ceci n’est pas un texte sur Pink Floyd (private joke)…
Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que j’ai voulu ça ? Que je suis fier d’être ce que je suis devenu ? Femme, enfant, salaire et logement corrects ?… Non, évidemment non. Je n’imaginais pas ça. Je voulais être écrivain tu sais. J’ai pu fantasmer être rock star à la Cantat ou à la Nick Cave sauf que je suis moche donc écrivain ça semblait possible. Merci Bukowski, tu ne sais pas à quel point tes nouvelles ont pu m’aider. M’autoriser à rêver un futur qui ne soit pas totalement lamentable, qui soit autre que des renoncements en cascade. Ça ne s’est pas fait. Je n’ai pas su faire en sorte que cela devienne possible. Pas assez de travail. Pas assez de liens. Ce n’est pas grave. Les regrets ce n’est pas très grave. Il y a un truc quand même. Plusieurs fois dans ma vie, j’en ai chié. Je n’avais pas de quoi bouffer. Je n’avais pas de quoi m’acheter des clopes. Je fouillais les poubelles. Récupérais les mégots sur les trottoirs. J’ai raconté ça dans Adulte hôtel il me semble – je n’ai pas vérifié, je ne relis jamais les textes terminés. Et ça c’est fini. Plus jamais. Je mange à ma faim, je fume et bois trop et je paye les vacances à la famille et je n’ai plus à surveiller mon compte en banque. Je ne suis pas libre, non. Je ne suis pas écrivain. Je ne suis évidemment pas rock star. Je suis un type sans importance pour qui le fric n’est plus un problème parce que j’ai gardé mes habitudes de pauvre. Et, finalement, ce n’est pas si mal tu sais.
Paris (?), décembre 2019