Archives par mot-clé : écriture

Money

Non, ceci n’est pas un texte sur Pink Floyd (private joke)…

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que j’ai voulu ça ? Que je suis fier d’être ce que je suis devenu ? Femme, enfant, salaire et logement corrects ?… Non, évidemment non. Je n’imaginais pas ça. Je voulais être écrivain tu sais. J’ai pu fantasmer être rock star à la Cantat ou à la Nick Cave sauf que je suis moche donc écrivain ça semblait possible. Merci Bukowski, tu ne sais pas à quel point tes nouvelles ont pu m’aider. M’autoriser à rêver un futur qui ne soit pas totalement lamentable, qui soit autre que des renoncements en cascade. Ça ne s’est pas fait. Je n’ai pas su faire en sorte que cela devienne possible. Pas assez de travail. Pas assez de liens. Ce n’est pas grave. Les regrets ce n’est pas très grave. Il y a un truc quand même. Plusieurs fois dans ma vie, j’en ai chié. Je n’avais pas de quoi bouffer. Je n’avais pas de quoi m’acheter des clopes. Je fouillais les poubelles. Récupérais les mégots sur les trottoirs. J’ai raconté ça dans Adulte hôtel il me semble – je n’ai pas vérifié, je ne relis jamais les textes terminés. Et ça c’est fini. Plus jamais. Je mange à ma faim, je fume et bois trop et je paye les vacances à la famille et je n’ai plus à surveiller mon compte en banque. Je ne suis pas libre, non. Je ne suis pas écrivain. Je ne suis évidemment pas rock star. Je suis un type sans importance pour qui le fric n’est plus un problème parce que j’ai gardé mes habitudes de pauvre. Et, finalement, ce n’est pas si mal tu sais.

Paris (?), décembre 2019

En attente

Ils sont là, à portée de main. Lorsque je parviens à freiner un peu, lorsque je me repose sans musique et sans livre, je sais qu’ils sont là, en position d’attente. Il y a eu Adulte hôtel. J’avais pris un mois pour tout cracher puis des mois à revenir dessus, page après page. Je le portais depuis longtemps. Des années. Je ne l’ai jamais relu, je ne sais pas ce que ça vaut comme on dit, et je ne parviens pas à m’en moquer tout à fait. Un roman. Écrire un bon roman. C’est dérisoire et pourtant je ne désire plus grand chose d’autre. Composer une ou deux chansons peut-être. Reprendre sur scène 30 seconds over Tokyo

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chaque moment

J’ai vécu chaque moment tu sais avec une intensité incroyable, les joies, les peurs, l’agacement et je n’imaginais pas ça possible, je ne pensais pas que c’était pour moi, j’étais trop sombre trop noir trop laid, le monde était vraiment trop… trop dégueulasse et froid.

on en parlait avec celle-là il y a plus de vingt ans et nous nous imaginions avec deux enfants, une fille, un garçon, on avait les prénoms déjà et puis nous nous sommes déchirés enfin, je suis parti en saccageant tout derrière moi et après… après il y eut ce couple malade que je formais avec celle-ci et je n’ai jamais écrit là-dessus et j’évite le plus souvent d’y repenser car on a le droit de se foutre en l’air, on a le droit de survivre en zombie sans la moindre exigence, sans le moindre respect de soi-même mais pas en prétendant aimer quelqu’un.e parce qu’on ne tient plus debout seul et lorsque celle-ci est tombée enceinte, elle a avorté et j’aurais voulu qu’on le garde et celle-ci avait raison bien sûr, comme celle-ci a eu raison de partir ensuite Continuer la lecture de chaque moment

il n’y a plus rien – improvisation 3

paris 17 novembre 2015 je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée parce qu’en improvisant on écrit n’importe quoi n’importe comment et on peut blesser des gens aussi blesser des gens qu’on aime et ce n’est vraiment pas ce que je souhaite faire là tout de suite maintenant mais je n’ai pas l’impression d’avoir le choix, si je ne n’écris pas autant crever tout de suite parce que là tout de suite maintenant je n’ai plus rien, je n’ai plus envie de rien, ma carrière des articles des bouquins des colloques des projets faire carrière, oui, rien à foutre, c’est grotesque, dérisoire, mon frère est à dublin et il me dit que ça doit être bizarre paris, il n’arrive pas à imaginer, il m’écrit ça samedi et je lui réponds qu’il n’y a plus de paris, il n’y a plus rien Continuer la lecture de il n’y a plus rien – improvisation 3

brèves et fatras – écriture

L’hébergement gratuit sur internet suppose que les données déposées sont destinées à être commercialisées sans que l’on sache comment – et ça m’ennuie. La plupart des bricoles parues sur le micro-blog brèves & fatras – textes minuscules et notes en vrac sont ici, et .

Des dizaines d’histoires et de poèmes attendent sans un bruit que je me décide à travailler. Lâcher l’ordi, les jeux en ligne, les vidéos pornos et neuf fois sur dix, la paresse l’emporte. Ils attendent. Quelques lignes surgissent parfois dans un coin de mon crâne alors que je fume une cigarette au balcon. J’oublie le plus souvent de les noter. (Paris, juin 2015)

Il ne s’agit pas d’écrire ce qui me passe par la tête. Il s’agit de choisir quelques mots, une situation et de viser le vrai. Souvent ça rate. (2014 ?) Continuer la lecture de brèves et fatras – écriture

Le style, l’alcool et un concours raté

Bien sûr le style. C’est tout ce qui compte non ? le style. Tu sais bien. Céline, Djian, Bukowski, Selby, tous ces gens-là, tous ceux que tu ne seras jamais. Tu n’as pas pas l’audace. Tu n’as pas le style. Tu n’as pas ce qu’il faut. La flamme. Les visions. La vie qu’il faudrait, et l’élégance. Et surtout tu ne travailles pas assez. Tu crois encore à ces fables sur l’inspiration. Au lieu de reprendre tes phrases tous les jours quoi qu’il arrive, tu griffonnes trois quatre lignes de loin en loin, le plus souvent ivre, et ça ne vaut rien, tu le sais depuis le temps. Et tu continues à jouer l’écrivain, espérant sans doute impressionner des jeunes filles auxquelles tu ne sais pas parler. C’est décevant dans l’ensemble. Continuer la lecture de Le style, l’alcool et un concours raté

ce n’est pas passé loin…

Le 15 août dernier, seul à Paris tandis que femme et enfant étaient sur la Côte d’Azur, sans doute le soir (la journée je travaille salarié) et à jeun (peu bu dans l’ensemble cet été, trop fumé par contre), j’ai écrit un billet intitulé Ce blog s’arrête maintenant. Le texte est le suivant :

« Le titre est clair non ?

Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de venir régulièrement lire mes bricoles – n’hésitez pas à faire circuler celles qui vous paraissent tenir la route, j’arrête d’alimenter mais je continue à payer le nom de domaine.

Je ne suis pas convaincu par les textes sur écran. J’ai envie d’objets imprimés qu’on peut ranger dans sa bibliothèque, feuilleter de temps à autre, offrir, faire circuler.

Et puis il y a un projet de roman dans l’air et la temporalité d’un roman n’est pas celle d’un blog. À très bientôt ailleurs. »

Comme d’habitude, je l’ai mis de côté, l’ai laissé reposer avant de décider du bien fondé de sa mise en ligne. Et deux jours après, j’ai écrit un billet sur Drive blind (le groupe, pas la chanson) et je me suis dit qu’arrêter était peut-être prématuré… Il y a aussi l’histoire du roman et je n’arrive pas à me décider encore. Est-ce que j’ai vraiment envie de ça ? Est-ce que j’en suis capable aujourd’hui ? Et quel serait l’objectif ? Chercher un éditeur ?… J’ai fait comme tout le monde à 20 ans, j’ai envoyé mes manuscrits en commençant par Bernard Barrault car il publiait Djian à l’époque. Et j’ai vite laissé tomber. Le marché de la nouvelle et de la poésie est à peu près inexistant et, comme partout, se faire une place minuscule suppose de construire un réseau, rencontrer du monde, se faire voir avant d’éventuellement se faire lire. Je n’avais ni les armes ni les entrées pour jouer le jeu. Et je n’ai pas plus envie de le faire aujourd’hui. Alors un roman, je ne suis pas sûr. Je n’ai pas touché à mes dix pages de notes depuis deux semaines… Le roman, je ne sais pas encore. Quant à ce blog, il ne s’arrêtera pas tout de suite même si, c’est vrai, je préférerais quand même des objets imprimés.

Paris, août 2015

autocensure (improvisation 1)

La règle est simple mais cela ne suffira sans doute pas pour que je la respecte longtemps, je n’ai pas le goût des contraintes durables : écrire vite et d’une traite sur un sujet qui me trotte dans la tête depuis des mois ou des années et qui, velléitaire que je suis, rejoint les projets restants à l’état de projets si je ne me secoue pas un peu de temps à autre. Mais il ne faut pas exagérer : si la matière première est écrite d’une traite, elle est retravaillée ensuite jusqu’à tenir la route. Je n’ai jamais cru une seule seconde aux âneries de ces crétins staliniens de surréalistes français et je crois que les adjectifs précédents peuvent se combiner dans tous les sens… Le premier jet peut donner des pistes, il ne peut être donné à lire. Il faut travailler. Reprendre les mêmes phrases sans cesse. Et chasser le gras, l’inutile. Donc acte. Ce texte a été rédigé le 19 juillet 2015 alors que femme et enfant étaient au cinéma pour un mauvais film et a ensuite été retravaillé à la virgule près. Continuer la lecture de autocensure (improvisation 1)