20 décembre 1995

20-12-95. Seul. Mes cellules ont augmenté leur taux de mortalité. Les yeux ouverts, impuissant. Codevi : 173 francs. Compte chèques : – 2615,92 francs. Personne n’appelle, Myriam non plus. Cessé d’avoir mal gelé. Dominer quelques minutes ma désespérance, le froid réapparaît. Léo Ferré. Notre pitance incertaine. Bilan triste à pleurer. Faillite. La tendresse s’en va toute seule. Du vent et des bijoux. J’aimerais tant oublier. Les voir brûler d’indifférence. Le monde est lisse à la fin du 20ième. Grands-parents. Médicaments. Eczéma. Ça s’arrangera. Angoisse, asthénie. Ulcère. Factures. Vigipirate. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus pourquoi je suis ici. Pas de chauffage. D’eau chaude. Le frigo est vide. Je fatigue d’avoir faim et froid. Seul. Les décorations de Noël clignotent dans la rue. La grève continue mais je n’ai plus la force. Tabassé par des flics en civil avant-hier et depuis j’ai peur. Se battre encore ? Il n’y a plus rien, il n’y a plus personne. Léo Ferré, Et… Basta !   « Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni rien, ni moi, ni eux et Basta ! ». Ça ne console pas. Rien ne saurait consoler. Je dois couler encore un peu et que c’est long, ça n’en finit pas. Et aujourd’hui, je préfèrerais sans hésiter être mort.

leoferre

Paris, décembre 1995 – revu et augmenté en février 2014.

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