Gilets jaunes, un an, Place d’Italie

Ok ça ne sert à rien. Un peu de bruit, un peu de fumée. Quelques heures de bordel. Des trucs qui crament : poubelles, trottinettes et vélos électriques, panneaux publicitaires. Quelques vitres étoilées. Des tags sur les banques et les fast-foods. Ok ce n’est pas la révolution. Pas de grand soir à l’horizon. Ok ça ne changera rien. Ils continueront à tout détruire. A rendre ce monde chaque jour plus injuste, plus dégueulasse. En affichant toujours leurs mines satisfaites. Et les médias continueront à leur servir la soupe tout en fustigeant les « casseurs » et les « black blocs ». Non seulement ça ne changera rien mais il y aura des blessés, des personnes tabassées, arrêtées, des amendes, des gardes à vue. Des centaines de lacrymos viendront nous pourrir les bronches et autant de grenades prétendues de désencerclement blesseront aveuglément. Ils sont là pour terroriser, masqués, armés, motorisés, bénéficiant d’une impunité totale, ils ont les pleins pouvoirs et ils le savent. Sans eux, il y a longtemps qu’Élysée, Sénat et autre Assemblée nationale seraient en cendres. Ok je sais tout ça et celles et ceux qui sont avec moi le savent aussi. On connaît le coût de l’inutile et des batailles perdues. Oui mais.

Yann Foreix, Le Point

On s’en fout. A la fin on perd, à la fin on meurt et alors ? ça ne sert à rien mais c’est le zbeul et je ne demande ni n’espère rien d’autre. Des manifs sauvages, de la casse, des trucs qui volent contre les bleus et ça me va. Je ne suis pas exigeant. Je sais me contenter de peu. Et des milliers de personnes qui ne reculent pas face à la violence d’État, très bien, j’adhère. C’est moins fort qu’au début c’est sûr. Ces premiers samedis où un parfum d’insurrection flottait dans l’air, que ce soit dans les « beaux quartiers » ou à Bastille. Quand le rituel moisi de la manifestation volait en éclats. Pas de parcours, pas de slogans, pas de banderoles, pas de ballons ni de meneurs, juste la colère. Des barricades. Des drapeaux et des Marseillaise et des fafs et des gauchos et plein de gens de tous âges venus de province et qui n’avaient jamais manifesté de leur vie et qui découvraient la violence des flics, le mépris des médias, la corruption des élites et n’en revenaient pas. Ce furent de beaux samedis de feu.

On dirait qu’ils ont gagné non ? Ils contrôlent les Champs, ils mutilent tranquille et condamnent à tour de bras et continuent à parader en sortant les pires âneries de plateaux télé en matinales radio. On dirait qu’ils ont gagné. Ils continuent à détruire et à mentir et dans la rue parisienne, les manifestations sont redevenues syndicales, mortes. C’était beau les premiers actes et c’était chouette les un an place d’Italie et tant pis si nous finissons broyés, pour une fois, pour une fois enfin, les ordures d’en haut ont eu peur. Ce n’est pas si mal comme bilan.

à suivre j’espère Paris, novembre – décembre 2019

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