Archives par mot-clé : manifestation

Les samedis en jaune – 1

C’était génial les premières semaines. J’attendais ça depuis longtemps. Ce parfum d’insurrection dans les rues. Ces colères multiples qui débordent et envahissent les prétendus beaux quartiers, jamais je ne me suis autant promené dans ces arrondissements là. Enfin détruire. Détruire le rituel absurde et inutile des manifestations syndicales déjà, avec ou sans cortège de tête. Pas de parcours, pas de déclaration en préfecture, pas de service d’ordre, pas de mégaphone et même pas de slogans. La Marseillaise souvent mais rien de plus. Les slogans mettront du temps à venir et seront ensuite répétés en boucle par un nombre de plus en plus réduit de personnes, « Emmanuel Macron, la tête de con, on vient te chercher chez toi » et autres « On est là, on est là, même si Macron veut pas nous on est là » et la question braillée « Gilets jaunes, quel est votre métier ? » avant que de répondre « Ahou, ahou, ahou ». Détruire un rituel puis en créer de nouveaux…

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carnet de Bure, 2 (18 février 2017)

Tous les prénoms ont été modifiés – excepté celui de Jean-Pierre* – et aucune des informations données ici n’est suffisamment réelle pour permettre l’identification de qui que ce soit.

Oui je sais, je l’ai écrit déjà, mais j’oublie ce que j’écris au fur et à mesure, d’où les redites, les répétitions et les redondances, d’où le caractère parfois obsessionnelle de certaines séquences, et j’ai donc déjà écrit que la manifestation du 18 février 2017 à Bure fut ma plus belle de l’année 2017 – certes nous ne sommes qu’en août mais je n’attends hélas rien des manifs parisiennes à venir. Continuer la lecture de carnet de Bure, 2 (18 février 2017)

Cortège de tête (mars – septembre 2016)

Il fallait être à Paris je crois. Les personnes à qui j’en cause et qui étaient ailleurs sont toujours étonnées de ce que je raconte. Qu’il s’agisse de l’ampleur de ce phénomène, le cortège de tête n’ayant cessé de grossir manif après manif, ou des innombrables provocations et violences policières qui ont rendu ce cortège de tête de plus en plus offensif et auto-organisé. Il fallait être à Paris, passer devant les orgas, les syndicats et leurs services d’ordre dégueulasses, les ballons, les camionnettes qui crachotent Trust – oui, en 2016, Antisocial, et pourquoi pas Un autre monde tant que vous y êtes… – ou l’atroce C’est dans la rue que ça s’passe, contourner les grandes gueules qui braillent depuis des décennies les mêmes slogans moisis, Tout est à nous, rien n’est à eux, gna gna gna, il fallait aller devant, au niveau des rangées de flics, de gendarmes, de CRS, il fallait aller vers les nuages de lacrymos. Et on y était. Et c’était beau.
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Printemps – été 2016, lexique – deuxième partie

Ceci est un prolongement. Une première tentative a été mise en ligne ici-même en décembre dernier. Les plus fidèles de ce blog remarqueront que l’entrée 1 mai 2016 fait ici une nouvelle apparition. Je n’en ai pas fini avec ce printemps, je n’en ai pas fini avec ce mouvement et ce qu’il a réveillé, révélé et créé. Je ne compte pas m’arrêter de lutter, je ne compte pas arrêter d’écrire. A mon rythme et sans toujours y croire. Parfois je fatigue. Je doute trop pour être vraiment efficace mais ce n’est pas très grave et puis, il n’y a plus rien d’autre à faire je crois.

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Avant et après le 13 novembre 2015

à M., à J. – merci pour tout

Ce qui suit est une tentative visant à expliquer ce qu’a produit la nuit du 13 au 14 novembre 2015 dans ma vie et celle de mes plus ou moins proches. Il n’y a là aucune volonté d’objectivité et aucune considération morale. Il s’agit d’un bilan provisoire dans la mesure où les effets de cette nuit ne cessent de se prolonger dans les rues de ma ville, dans mes actes et dans mes désirs, mes indignations. Je ne peux évidemment être honnête sans évoquer un minimum mon entourage, ce que je cherche d’habitude à éviter. Ma femme est ma femme, mon fils est mon fils mais ils ne lisent pas mes textes donc, même si je fais attention, ça passe. Les amies sont désignées par des lettres et j’ai fait en sorte de taire tout élément permettant à des proches de les identifier – elles se reconnaîtront évidemment, mais elles sont les seules à pouvoir le faire. Et l’emploi du féminin n’est pas anodin, il n’y a qu’avec des femmes que j’ai su parler de cette nuit. Alors que normalement, parler avec des femmes, je ne sais pas faire.
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