Archives par mot-clé : punk

Enfance sauvage – encore

« Encore ? Encore un texte  court sur un morceau quelconque d’un obscur groupe punk qui donne max dix concerts par an et que personne ou presque ne connaît ? Il n’y a pas d’autres sujets plus importants ? Je ne sais pas, le bastion social, l’extrême-droite au Brésil, la loi anti black bloc, les morts aux frontières, la forêt de Romainville, Bure, tu as l’embarras du choix je trouve, ce n’est pas un peu facile de rabâcher sans cesse les mêmes obsessions minuscules ? l’écriture, l’alcool, les fantômes, le punk, tu tournes en rond je trouve… »

Je ne choisis pas ce que j’écris. Je prends une feuille ou l’ordi et j’aligne des phrases. Je les enchaîne, je les supprime, je les laisse reposer, j’essaye de savoir si ça tient la route et si j’ai l’impression que c’est le cas, mais je peux me tromper, ce n’est pas très grave, si j’ai l’impression que ça tient la route donc, je publie. Sinon je jette. Je contrôle à peu près mon emploi du temps et ma consommation d’alcool, c’est déjà pas mal.

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Pere Ubu, 1975, 30 seconds over Tokyo

Je suis un obsessionnel et ça fait longtemps que ça dure et ça devrait durer encore jusqu’au cancer, jusqu’à la cirrhose, jusqu’à l’insuffisance respiratoire, ça devrait durer encore quelques années. Quand je tombe sur un auteur qui m’accroche, je lis tout ce que je peux trouver. Céline, des romans aux pamphlets sans oublier la correspondance. Selby. Brautigan, Despentes. Damasio, Kafka. Mais pas les biographies, ce que d’autres ont à raconter de leurs vies ne m’intéressent pas. Quand je tombe sur un éditeur qui me plaît, je lis tout. L’Association en 2002-2003, la Fabrique en 2015, la collection Une heure-lumière chez le Bélial ces temps-ci. Et la musique c’est pareil évidemment.

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Enfance sauvage, 2018, Ma jambe

« Je regardais ma jambe, elle pourrissait comme une pomme [..] je n’ai pas su quoi faire ». À quoi ça tient l’amour qu’on porte à un groupe ? car c’est bien d’amour qu’il s’agit. Ça faisait plus de vingt ans que je n’avais pas écouté un album le jour de sa sortie (PJ Harvey ? Noir Désir ?…) et quand Marianka, « basse saturée » selon les crédits de pochette, a envoyé un mail pour signaler la sortie de Nos paupières racornies, nos cheveux, je me suis précipité sur bandcamp et je l’ai écouté une, deux, trois fois d’affilée. Et depuis, il est plusieurs moments dans la journée où je chante Train fantôme : « c’est là que j’aime être, c’est là que j’veux être ».

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en train, 2017

Les indications entre crochets visent à faciliter la lecture. Les trois points entre crochets signalent des coupures dans le texte de départ.

16/01/17, 20h30, hôtel Kyriad face à la gare, Rennes

C’est un carnet petit format (A5), couverture rigide, épaisses, et spirales, papier recyclé – le logo est à chaque page -, offert par Open éditions lorsque pour eux, j’ai évalué une revue afin d’aider à décider si oui ou non cette revue pouvait être hébergée sur revues.org. Ça fait partie de mon boulot. J’ai reçu à mon domicile les trois derniers numéros imprimés, un stylo bille bleu, et ce carnet. Il comprend entre 60 et 70 pages. Je n’ai pas compté, ce n’est pas indiqué. C’est un carnet, c’est une contrainte. À chacun de mes déplacements professionnels, l’avoir sous la main et brique après brique, le remplir. S’obliger chaque fois à noter ne serait-ce qu’une ou deux lignes. Ce n’est pas un journal. C’est un carnet de notes en mouvement. Continuer la lecture de en train, 2017

Les Deads boobs : Ta France

Ça commence à bien faire. J’ai eu envie d’écrire ce texte dès que ce morceau a été mis en ligne, le 23 février dernier donc. Et ça va faire deux mois que je ne prends, que je ne trouve pas le temps, et ça m’agace car c’est typiquement le genre de texte qui peut avoir un tout petit intérêt s’il est écrit et mis en ligne rapidement. Donc tant pis. Ce ne sera pas abouti, ce sera bancal et ça manquera de finesse, de nuance, de tout ce que vous voudrez. Mais bon. Ça commence à bien faire donc voilà.
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Enfance sauvage, 2015, Je suis un village la nuit

Je ne connais pas leurs noms, leurs parcours, je les ai vu une fois sur scène à la parole errante, le concert a commencé avec un retard énorme et ils ont abrégé leur set mais j’ai vu la playlist et ils n’avaient pas prévu de jouer Je suis lucide, dommage, dommage car j’en suis persuadé, cette chanson est l’une des branches à laquelle je me suis raccroché lorsqu’après le 13 novembre 2015 j’ai sombré, ce morceau a été une de mes rares béquilles avec quelques amies proches et ma femme et mon fils mais bon, le concert était extraordinaire, le son des deux basses résonne encore dans mon crâne et il est rare encore aujourd’hui que je voyage en train sans écouter au moins une fois très fort au casque Immeuble mou, Je suis lucide ou Nous les chiens. Cela me réveille, cela me rend vivant davantage. Enfance sauvage est avec Emma Pils et quelques autres l’un des beaux secrets de la scène alternative contemporaine.
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« Pas pour l’argent, pas pour les gens » : les Dead Boobs

Commençons par ce qui fâche.
1. le nom. Ils répètent à Saint-Maur, ils se nomment les dead boobs. Super drôle.
2. le côté homophobe. Sans doute du quatorzième degré mais j’ai du mal quand même. Comme l’introduction du morceau Patrons (« les patrons c’est tous des enculés / faut leur couper la bite à tous ces sodomites »). Le pire c’est en concert lorsque Jean-Louis/Maxime, chanteur guitariste, demande à un type dans le public comment il s’appelle, « Machin Bidule » et le groupe se met à jouer « Le plus gros des pd, c’est Machin Bidule ». Oui, c’est encore du quatorzième degré mais quand on a traîné dans le milieu gay avant l’arrivée des trithérapies, il y a des attitudes qui passent mal… Continuer la lecture de « Pas pour l’argent, pas pour les gens » : les Dead Boobs

Emma Pils : la rage, le talent, plus l’attitude

Il y a dans le minuscule milieu punk parisien actuel une course à la radicalité qui peut parfois laisser songeur. Tel groupe se fera une règle de ne donner que des concerts de soutien ou, à la rigueur, des concerts gratuits. Tel autre proposera l’intégralité de ses titres gratuitement sur bandcamp. Un troisième se fera un point d’honneur de vendre ses disques (vinyl, nécessairement vinyl) à prix coûtant. Envisager que jouer puisse rapporter plus que du plaisir est a priori suspect.

Emma Pils est peut-être le groupe qui pousse cette logique le plus loin : pas de page facebook, pas de vidéo sur youtube*, refus de jouer dans certaines salles – le groupe a débattu un moment avant de jouer à la mécanique ondulatoire,  – un bar désagréable avec videur à l’entrée certes, mais un bar où la salle, les tarifs et la programmation sont corrects -, intégralité des albums en téléchargement libre sur leur propre site. Et si l’on choisit le format mp3, un pop-up nous précise gentiment que c’est un format non libre et de qualité médiocre, alors que les autres formats proposés sont libres et de meilleure qualité. Animant leur propre site, ils ont fait en sorte qu’il soit impossible de partager une chanson ou une vidéo : impossible donc de les mettre contre leur gré sur n’importe quel « viewer capitaliste à la con ».  S’il était possible de ne pas être référencé par google, je suis certain que ce groupe le ferait aussitôt. Continuer la lecture de Emma Pils : la rage, le talent, plus l’attitude

consommation (improvisation 2) / société marchande

Le principe est le même que la dernière fois et comme la dernière fois, femme et enfant sont au cinéma pour un mauvais film encore, américain cette fois-ci, les mauvaises comédies françaises ça va bien cinq minutes mais il ne faut pas en abuser. Écrire d’une traite sur un sujet qui me poursuit depuis quelques mois ou davantage et que je n’ai jamais pris la peine de coucher sur le papier, écrire d’une traite puis retravailler la bricole autant qu’il le faudra et quand ça tient à peu près la route, balancer en ligne pour les quelques personnes que ça peut intéresser. Et dans la rubrique Fatras qui, je le rappelle, est la seule à pouvoir être qualifiée d’autobiographique sur ce blog. Il est donc normal qu’elle soit peu fournie, ma vie est une matière pauvre – je n’aime rien tant que les habitudes, et puis lire, et écrire. Continuer la lecture de consommation (improvisation 2) / société marchande