Archives par mot-clé : jeune fille

une année pile

c’était hier je me rappelle, c’était il y a un an et il m’a fallu crever l’abcès, il m’a fallu lui avouer qu’elle m’obsédait, que je ne vivais plus que pour la voir, l’entendre, être prêt d’elle, je ne vivais plus que pour elle. je n’ai pas su lui dire. je n’ai pas su exprimer ce que je ressentais. ni pourquoi il était indispensable qu’elle devienne – si tel n’était pas déjà le cas – amoureuse de moi sinon c’était fichu, sinon vivre n’avait plus la moindre importance et je n’ai rien su dire, je n’ai pas su terminer la moindre phrase intelligible, sensée ou sensible. j’ai juste été capable de bredouiller qu’elle m’attirait. c’était ridicule. Continuer la lecture de une année pile

pour solde de tout compte

Tous les textes ci-dessous, classés par ordre chronologique d’écriture, tournent autour de la même personne. Comme il s’agit d’une amie, et pour essayer de conserver un minimum mon équilibre affectif, ce devrait être les derniers textes sur ce sujet.

Déjà trop tôt

tu me manques déjà tu sais
ça fait à peine six heures et j’ai envie de te voir
t’entendre
t’offrir une bière
j’ai enfin compris que je ne prendrai jamais la moindre initiative pour t’attirer dans mes bras
mais je suis lent
c’était évident Continuer la lecture de pour solde de tout compte

tout ce petit cinéma

ça finira bien par arriver
je cesserai d’espérer quoi que ce soit et ce sera plus simple alors
je me coucherai plus tôt
moins ivre
je pourrai lire
m’endormir sans tristesse ni remords
tout ce petit cinéma
lassant
routinier

je ne te regarderai plus partir avec une question me brûlant les lèvres et que je ne t’ai jamais posée
« est-ce que ça te dirait qu’on passe la nuit ensemble ? »
et je ne te la poserai jamais…

il faudrait justifier ensuite et
je n’ai pas grand chose à t’offrir
une nuit de tendresse une à deux fois par an
quelques poèmes sans doute
quelques courriers comme tu n’en as jamais reçu
pas de quoi se taper le cul par terre
bien entendu tu mérites mieux et tu sais
j’espère vraiment que tu l’obtiendras
juste j’enrage que ce ne soit pas dans mes bras

Oléron, 24 septembre 2015

pas de nouvelles

Elle ne donne pas de nouvelles alors je ne lui en demande pas. J’ai peur pour elle. Qu’elle ne s’en sorte pas. Qu’elle aille mal. Ça ne lui coûterait rien un mail ou un coup de fil. Mais c’est faux. Cela fait maintenant quatre ans que j’ai envie d’elle. Envie de tout plaquer pour elle. Même si je sais que je ne quitterai pas ma femme, mon gosse, notre appart et ma vie parisienne. Quatre ans que j’écris des poèmes et des nouvelles sur mon désir et notre histoire. Que je n’en publie aucun – je lui ai promis de ne rien mettre en ligne tant qu’elle n’aurait pas terminé sa thèse. Peur de la gêner, de la compromettre. Peur de déclencher des crises idiotes alors qu’il ne s’agit que d’un fantasme destiné à rester à l’état de fantasme. N’empêche. Cela fait des mois qu’elle n’a pas donné signe de vie et je m’inquiète. Et plutôt que de la contacter, comme toujours, je préfère noircir les pages de mon cahier.

TGV Paris – Aix, 25 juin 2015

La morale est sauve et je n’aime pas vraiment ça

Il y a quatre mois je l’aimais. Je pensais à elle sans cesse. Ne me masturbais qu’en sa compagnie. Je voulais passer mon temps avec elle, mes nuits et mes journées. Ce n’est rien quatre mois. Je l’aimais et ce n’était pas possible. J’aime ma femme. J’aime mon gamin. Je veux continuer avec eux deux. Je déteste le mensonge aussi. Je ne pourrais pas tromper ma femme sans lui en parler ensuite. Lui expliquer qui, où et pourquoi, comment, j’entrerais dans les détails. Elle souffrirait ma femme, elle en prendrait plein la gueule et réagirait mal mais c’est normal non ? Je n’ai aucun goût pour les cris et les pleurs, les drames du quotidien et les engueulades grotesques, et je n’aime pas faire souffrir celles et ceux que j’aime – je ne prétends pas à l’originalité. Continuer la lecture de La morale est sauve et je n’aime pas vraiment ça

Vocation

Entre cinq et sept ans, je pouvais répondre sans hésiter. Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ? me demandaient les adultes et aussitôt je répondais conducteur de char en un large sourire. Mes parents habitaient Nomeny, un village près de Pont-à-Mousson et ce devait être l’été. Un convoi militaire a défilé toute l’après-midi au soleil, des dizaines et des dizaines de chars avançaient dans un fin nuage de poussière et de vapeurs d’essence, je les regardais assis devant la maison. Ils étaient beaux, les chars comme les militaires. Je voulais être des leurs. J’aurais aimé me lever et les suivre, me fondre dans les rangs. Ils étaient beaux, ils savaient où ils allaient et ça semblait leur plaire. Cette allure. Cette fierté. Moi aussi je voulais inspirer ça aux gens. Chaque fois que j’écoute Thiéfaine, je revis cette scène. Un des seuls souvenirs de mon enfance où je ne suis pas en train de me faire casser la gueule. Un souvenir agréable donc. Continuer la lecture de Vocation

Valérie le 27 mars 2000

Je m’use les yeux à tes courbes. Les prétextes n’ont pas manqué. Mes absences non plus. Tu t’en moques et j’aimerais savoir t’imiter. Cela dure 2 à 3 semaines où chaque jour je pense à toi. Te sachant proche. Cinquante mètres à peine. Première rue droite. Premier bar sur la gauche. M’interdisant de descendre boire. Et ce soir je craque pour ne regarder que ton corps jeune. Lisse. Tu ne t’en aperçois même pas. Tu me remarques à peine, plus transparent qu’abattu. Tu joues au baby-foot.

Quand j’entre dans le bar pour la première fois depuis x temps, tu te jettes à mon cou, réjouie, « tu nous as manqué, t’étais où ? », « j’étais ailleurs », puis tu disparais, et je ne t’entends plus de la soirée.Tu es adorable et je te regarde. Avec d’autres. Avec les autres. Je suis comme eux. Je ne vaux pas plus. Vider mon verre avant de partir. Le payer aussi. Continuer la lecture de Valérie le 27 mars 2000