Archives par mot-clé : paternité

de la mort

Rappel : le « je » de ces textes, ce n’est pas moi ; c’est parfois moi en pire ou en exagéré, rien de plus – merci.

Je compte bien vivre encore un peu. J’ai des envies, de projets. Des lieux où me rendre et des personnes avec qui refaire le monde jusque tôt le matin. Des forêts et des rivages où me perdre. Tous ces livres à lire et à relire. Apprendre quelques poèmes, écrire d’autres textes. Oui j’ai encore de quoi faire. Et il y a le gamin bien sûr. Même si j’ai déjà plusieurs fois essayé de lui expliquer que je lui avais transmis tout ce que j’avais à lui transmettre, j’ai envie de le voir grandir, devenir un homme, j’ai hâte de le voir se casser la gueule et se relever. Il y a du boulot encore, ce n’est pas fini.

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carnet de Bure, 1

Je remontais vers le bois Lejuc en compagnie d’un jeune couple arrivé en stop de Berlin* et dont c’était la première venue en terre meusienne* et le jeune homme m’a demandé en anglais qu’elle était la force du mouvement anti-nucléaire en France et j’ai improvisé une réponse approximative dans la mesure où, en vrai, je n’en sais à peu près rien. Je sais ce qui se passe à Bure depuis l’été 2016 et je sais pourquoi je suis ici en août 2017, ce n’est pas si mal. Et j’ai pensé à Bruno*, un pote d’une assemblée de quartier dans le nord-est parisien* qui, un an plus tôt, me disait que la loi travail, il s’en foutait complètement. Que Nuit debout, le cortège de tête, les assemblées et collectifs de quartier, ça allait bien au-delà de la loi travail, que cette loi n’était qu’un prétexte pour lutter en créant et en densifiant des réseaux de résistance locaux. De fait, si je suis à Bure avec ces jeunes venus de Berlin*, c’est grâce à Nuit debout. J’y ai retrouvé le goût de la lutte, j’ai repris le chemin des manifs et découvert la joie et la rage du cortège de tête. Je me suis investi dans des assemblées de quartier et dans l’une d’elles, j’ai rencontré Jean-Pierre. Et c’est en partie grâce à lui que je suis – enfin – allé à Notre-Dame-des-Landes. Et à Bure.

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user un corps

Je compte bien vivre encore un peu. J’ai des envies, des projets. Retourner à Bure. Revoir Enfance sauvage en concert, Emma Pils, les Dead Boobs. Des lieux où me rendre et des personnes avec qui refaire le monde jusque tôt le matin, si la fatigue n’est pas trop forte… Des forêts et des rivages où me perdre. M’allonger au soleil. Marcher sous la pluie. Tous ces livres à lire et à relire. Apprendre quelques poèmes, écrire d’autres textes. Oui, j’ai encore de quoi faire. Je saurai même y prendre du plaisir.

Et il y a le gamin bien sûr. Le gamin compte plus que tout le reste maintenant.
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chaque moment

J’ai vécu chaque moment tu sais avec une intensité incroyable, les joies, les peurs, l’agacement et je n’imaginais pas ça possible, je ne pensais pas que c’était pour moi, j’étais trop sombre trop noir trop laid, le monde était vraiment trop… trop dégueulasse et froid.

on en parlait avec celle-là il y a plus de vingt ans et nous nous imaginions avec deux enfants, une fille, un garçon, on avait les prénoms déjà et puis nous nous sommes déchirés enfin, je suis parti en saccageant tout derrière moi et après… après il y eut ce couple malade que je formais avec celle-ci et je n’ai jamais écrit là-dessus et j’évite le plus souvent d’y repenser car on a le droit de se foutre en l’air, on a le droit de survivre en zombie sans la moindre exigence, sans le moindre respect de soi-même mais pas en prétendant aimer quelqu’un.e parce qu’on ne tient plus debout seul et lorsque celle-ci est tombée enceinte, elle a avorté et j’aurais voulu qu’on le garde et celle-ci avait raison bien sûr, comme celle-ci a eu raison de partir ensuite Continuer la lecture de chaque moment

à mon fils

Lettre à mon fils

Salut gamin,

je pense à toi. Je suis saoul, je me sens minable, impuissant, et je pense à toi. Lorsque tu es à mes côtés, je sers à quelque chose. Je suis utile à quelqu’un. C’est compliqué tu sais. Les certitudes, je n’en ai pas des masses. Mais un père doit dire ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui vaut la peine d’être creusé et ce qui ne l’est pas et, tous les jours, tous les jours je te le promets, tous les jours je fais de mon mieux. Souvent je m’agace. Soit tu ne veux pas comprendre, soit je ne sais pas expliquer. L’importance de l’écrit. De la lecture. L’exigence grammaticale et orthographique. Le goût du travail bien fait. De l’exercice et de l’entraînement. Je ne sais pas ce que tu deviendras. Je ne sais pas quels seront nos rapports dans dix ou vingt ans. Continuer la lecture de à mon fils