Archives par mot-clé : 2015

Radio Béton ! Tours, 93.6

Il y a la chanson célèbre de ce vieux con* de Lou Reed, « My life was saved by rock’n’roll » sur le dernier album du Velvet (je ne compte pas Squeeze) et je sais que certains et certaines pensent que c’est exagéré, c’est comme parler de livres ou de films qui ont changé notre vie, concrètement ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si je n’avais pas lu Last exit to Brooklyn et Bukowski à dix-sept ans, ma vie n’aurait pas été ce qu’elle a été et si je n’avais pas vu Un monde sans pitié à dix-huit, pareil, je serais devenu une autre personne. Ce n’est pas le rock’n’roll qui a sauvé la mienne durant l’année universitaire 1989-1990, c’est une station de radio tourangelle. Voulant devenir écrivain, je m’étais inscrit en Lettres modernes – je ne savais rien encore, j’étais un puceau mal dans sa peau bouffé par la trouille. J’avais peur de mon corps, de l’avenir et des femmes évidemment. Je n’étais pas armé. Continuer la lecture de Radio Béton ! Tours, 93.6

Le style, l’alcool et un concours raté

Bien sûr le style. C’est tout ce qui compte non ? le style. Tu sais bien. Céline, Djian, Bukowski, Selby, tous ces gens-là, tous ceux que tu ne seras jamais. Tu n’as pas pas l’audace. Tu n’as pas le style. Tu n’as pas ce qu’il faut. La flamme. Les visions. La vie qu’il faudrait, et l’élégance. Et surtout tu ne travailles pas assez. Tu crois encore à ces fables sur l’inspiration. Au lieu de reprendre tes phrases tous les jours quoi qu’il arrive, tu griffonnes trois quatre lignes de loin en loin, le plus souvent ivre, et ça ne vaut rien, tu le sais depuis le temps. Et tu continues à jouer l’écrivain, espérant sans doute impressionner des jeunes filles auxquelles tu ne sais pas parler. C’est décevant dans l’ensemble. Continuer la lecture de Le style, l’alcool et un concours raté

pas de nouvelles

Elle ne donne pas de nouvelles alors je ne lui en demande pas. J’ai peur pour elle. Qu’elle ne s’en sorte pas. Qu’elle aille mal. Ça ne lui coûterait rien un mail ou un coup de fil. Mais c’est faux. Cela fait maintenant quatre ans que j’ai envie d’elle. Envie de tout plaquer pour elle. Même si je sais que je ne quitterai pas ma femme, mon gosse, notre appart et ma vie parisienne. Quatre ans que j’écris des poèmes et des nouvelles sur mon désir et notre histoire. Que je n’en publie aucun – je lui ai promis de ne rien mettre en ligne tant qu’elle n’aurait pas terminé sa thèse. Peur de la gêner, de la compromettre. Peur de déclencher des crises idiotes alors qu’il ne s’agit que d’un fantasme destiné à rester à l’état de fantasme. N’empêche. Cela fait des mois qu’elle n’a pas donné signe de vie et je m’inquiète. Et plutôt que de la contacter, comme toujours, je préfère noircir les pages de mon cahier.

TGV Paris – Aix, 25 juin 2015

ce n’est pas passé loin…

Le 15 août dernier, seul à Paris tandis que femme et enfant étaient sur la Côte d’Azur, sans doute le soir (la journée je travaille salarié) et à jeun (peu bu dans l’ensemble cet été, trop fumé par contre), j’ai écrit un billet intitulé Ce blog s’arrête maintenant. Le texte est le suivant :

« Le titre est clair non ?

Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de venir régulièrement lire mes bricoles – n’hésitez pas à faire circuler celles qui vous paraissent tenir la route, j’arrête d’alimenter mais je continue à payer le nom de domaine.

Je ne suis pas convaincu par les textes sur écran. J’ai envie d’objets imprimés qu’on peut ranger dans sa bibliothèque, feuilleter de temps à autre, offrir, faire circuler.

Et puis il y a un projet de roman dans l’air et la temporalité d’un roman n’est pas celle d’un blog. À très bientôt ailleurs. »

Comme d’habitude, je l’ai mis de côté, l’ai laissé reposer avant de décider du bien fondé de sa mise en ligne. Et deux jours après, j’ai écrit un billet sur Drive blind (le groupe, pas la chanson) et je me suis dit qu’arrêter était peut-être prématuré… Il y a aussi l’histoire du roman et je n’arrive pas à me décider encore. Est-ce que j’ai vraiment envie de ça ? Est-ce que j’en suis capable aujourd’hui ? Et quel serait l’objectif ? Chercher un éditeur ?… J’ai fait comme tout le monde à 20 ans, j’ai envoyé mes manuscrits en commençant par Bernard Barrault car il publiait Djian à l’époque. Et j’ai vite laissé tomber. Le marché de la nouvelle et de la poésie est à peu près inexistant et, comme partout, se faire une place minuscule suppose de construire un réseau, rencontrer du monde, se faire voir avant d’éventuellement se faire lire. Je n’avais ni les armes ni les entrées pour jouer le jeu. Et je n’ai pas plus envie de le faire aujourd’hui. Alors un roman, je ne suis pas sûr. Je n’ai pas touché à mes dix pages de notes depuis deux semaines… Le roman, je ne sais pas encore. Quant à ce blog, il ne s’arrêtera pas tout de suite même si, c’est vrai, je préférerais quand même des objets imprimés.

Paris, août 2015

les courses

et je me rappelle à Pau quand je tenais avec 100 francs par semaine
les courses c’était vite vu
un paquet de Marlboro longues
du Gauloises à rouler et un paquet de Rizzla bleu
un Libé, un café et un verre d’eau en terrasse boulevard des Pyrénées parce qu’il n’y a aucune raison de laisser les plaisirs aux bourgeois et aux étudiants fils de bourgeois
puis une plaquette de beurre et des pâtes pour chiens
macaronis premier prix
c’était rapide et c’était à dix centimes près
c’est toujours rapide aujourd’hui mais je compte plus rien et achète les clopes par cartouche
avoir été pauvre m’a servi et quoi qu’il arrive je dépense toujours beaucoup moins que je ne gagne
au rayon yaourts parfois je marque un bref temps d’arrêt car c’est délirant quand même le nombre de produits disponibles y compris dans une supérette parisienne de quartier et c’est évident
une société qui propose 300 types de yaourts différents mérite de crever sous les balles

Paris, 16 août 2016

Drive blind, Be a vegetable, 1996

Si je me suis en juillet dernier inscrit comme contributeur sur Wikipedia, c’est en grande partie pour créer une entrée dédiée à Drive blind. Que le groupe responsable d’un des plus formidables albums de rock’n’roll des années 90 (Be a vegetable, PIAS) soit absent est incompréhensible. Que cet album ne soit plus disponible depuis des années l’est tout autant. En fouillant un peu, j’ai trouvé un élément d’explication : le groupe se sépare peu de temps après la sortie de l’album, en pleine tournée. Juste avant un passage prévu aux Eurockéennes… Et ça m’agace quand je google « Drive blind » de tomber sur le groupe Ride (je viens d’écouter ce titre pour la première fois à l’instant, du Jesus & the Mary Chain pour les nuls, mais c’est une autre histoire). Continuer la lecture de Drive blind, Be a vegetable, 1996

N’importe quoi

– Il faut qu’on parle dit-elle et comme toujours quand une femme prononce ces mots, j’ai envie de fuir ou de la serrer contre moi en silence mais comme toujours je n’agis pas assez vite et les formules idiotes tombent aussitôt.
– Il faut que je sache si c’est sérieux entre nous. Je ne sais pas comment gérer notre relation. Et je préférerais être sourd qu’entendre pareilles absurdités, et je sais que je ne dois pas réagir de suite. Si je sors ce qui me passe par la tête, notre histoire ne sera ni sérieuse ni amusante, elle sera terminée. Mais quand même… Gérer une relation et me demander si elle est sérieuse. Elle sort ça d’où ? Ça ne veut rien dire. Je gère mon budget à la limite. Je peux jouer à gérer ma carrière si ça m’amuse. Si je pouvais croire que les activités salariées que je suis obligé d’accomplir à intervalles réguliers pouvaient être nommées carrière. Mais gérer une relation. Et c’est bête, ça avait bien commencé nous deux. Plus de cul que de paroles mais ça ne me gênait pas, je me méfie des mots. Il y a trop longtemps que je joue avec.
Elle se tait et me regarde. Qu’est-ce que tu en penses ? Je n’en pense rien mais elle veut autre chose. Je dois faire l’idiot, gagner cinq minutes. Continuer la lecture de N’importe quoi