Archives par mot-clé : 2014

Audition 1 et 2

Audition 1

L’angoisse qui monte et contamine toute la famille. Mon gosse tremble pour moi, il en fait des cauchemars et lorsqu’il me demande si je suis prêt, il a des sanglots dans la voix, détends-toi chéri, mais détends-toi à la fin. Rien ne devrait se payer si cher. Répète-le après moi, ce n’est qu’un concours, et si tu le rates aucune importance, l’avenir t’appartient car tu as du talent, il faut juste apprendre à le vendre.
Une cafétéria déserte et contre le mur du fond un large aquarium où trois quatre poissons attendent comme moi
L’angoisse qui monte
Je passe dans dix minutes Continuer la lecture de Audition 1 et 2

Gin tonic

elle est assise à quelques mètres
à contre-jour
je ne peux la regarder et même si je le pouvais
sans doute je n’oserais pas

c’était rigolo hier
j’envoie un mail
elle passe dans ma chambre et tout de suite je propose qu’on aille bosser ailleurs alors que depuis des années je rêve qu’un soir enfin elle me rejoigne
nous partons nous installer à la réception
et parlons travail Continuer la lecture de Gin tonic

Tromper ma femme

Rappel : seule la rubrique fatras de ce blog est autobiographique. Les textes des autres rubriques sont des réalités parfois personnelles et toujours alternatives…

1. Accroché

Je ne me suis pas longtemps posé la question quand elle m’a proposé de le faire. Il y a ma femme, mon gosse, la stabilité affective à laquelle je m’accroche pour rester entier. Et puis elle ne m’attire pas plus que ça. Son corps est correct, sans plus, et elle parle beaucoup trop. Elle attend, elle sourit. Reprend une gorgée de bière. Je bande bien entendu. Je souris à mon tour. Ce n’est même plus une question de morale. De principe. Si je devais tromper ma femme avec quelqu’un, je préférerais que ce soit avec une autre, avec Marion, avec Julie, je connais des jeunes femmes beaucoup plus attirantes. Continuer la lecture de Tromper ma femme

faute de mieux

Et si là je remplaçais vulgaire par médiocre, est-ce que ça ne sonnerait pas mieux ? « Assise dans le couloir en compagnie de ses amies vulgaires », « assise dans le couloir en compagnie de ses amies médiocres », ou de ses médiocres amies ? non, amies vulgaires, c’est bien comme ça. « Assise dans le couloir en compagnie de ses amies vulgaires, elle buvait son café en souriant et regardait en ma direction ». Et semblait me regarder ? et me regardait l’air de rien ?… C’est quoi la fin déjà ? Ah oui, la soirée en boîte où il la trouve en train de se faire baiser par derrière dans les chiottes alors qu’elle vomit. Il vaut mieux me regardait l’air de rien alors. Continuer la lecture de faute de mieux

dominé

Ça ne veut rien dire tu sais. Rien du tout. Rater sa vie, la réussir. Être à la hauteur avant que de se décevoir une fois, deux fois, mille fois. Ça ne veut rien dire. Les mots tournent. Les formules trop justes, blessantes. Je n’ai pas fait ce qu’il fallait, si j’avais su, si je pouvais recommencer et tu le sais bien, c’est un leurre. Si je pouvais recommencer, je réinventerais d’une façon ou d’une autre les mêmes erreurs. Je ne sais pas apprendre autrement. Tomber, avoir mal, recommencer. Blesser alentour. Panser ses plaies en silence et repartir dans la bataille sans le moindre espoir mais il n’y a vraiment, il n’y a vraiment rien d’autre à faire.

Continuer la lecture de dominé

Traité politique de l’ivresse

L’ouverture

Je ne regarde pas à demain. Février 2000. Je ne regarde pas à grand-chose. Le froid acide. Sec. La fatigue. La fatigue est mon alliée. Je ne regarde pas. À quoi ça servirait ? Le temps est une denrée précieuse, les parents me l’ont souvent répété. Je regarde quelqu’un, je ne regarde qu’elle.

La jeune fille s’endort chez moi et je ne demande rien d’autre, je suis comblé presque. L’observer dormir, toute reposée. En silence. Noter la bouche entrouverte, le corps alangui. Pure élégance et je n’ironise pas. Noter les détails. Les ombres cutanées, les plis inhabituels. Les poids se répartissent différemment en nocturne. Échappent à la banalité. Aux leçons de maintien. Apprendre son corps par cœur. Pouvoir la dessiner les yeux fermés, la peindre. Ses jambes sont superbes nues et elle n’a pas fini son verre. Whisky pamplemousse, comme moi. Recouvrir d’un blouson ses jambes. Enregistrer les images afin de plus tard s’en servir. Recycler. On ne sait jamais, on ne peut jamais savoir, et nous ne vivions qu’au présent. Garder des traces. Tout s’achevait tellement vite alors. Mais nous ne le savions pas. La regarder ému. La regarder jusqu’à ne plus rien voir. Accommoder la vision fatigue, j’ai un verre à terminer d’abord. Plus le sien. J’ai l’habitude, elle s’endort souvent avant moi. Elle se soigne davantage. Quels que soient les rêves de la jeune fille endormie je l’aime plus que ma vie et mes bières. Mes alcools divers. Mes Gauloises roulées main. Mes accès d’inutile cafard. La regarder. Ne respirer que son odeur. Je ne la toucherai pas, je la respecte trop. Parce que je l’aime sans doute. Ce verbe est trop con, je l’aime à ma façon et le reste n’a aucune importance. Et aussi je préfère les garçons. Je ne regarde pas à demain, je regarde par la fenêtre maintenant.

Continuer la lecture de Traité politique de l’ivresse

40 et plus

Je ne sais pas garder mes amis, mes amies, mes amantes. Je ne sais pas non plus garder mes livres – j’ai acheté au moins 5 fois Last exit to Brooklyn et il manque toujours à ma bibliothèque. J’ai dû deux fois déjà revendre tous mes disques et seules les raretés sont restées en ma possession. Je garde peu, j’oublie beaucoup. C’est comme les noms de lieux, les étapes de mes voyages ou les endroits où j’ai pu bosser il y a dix ou vingt ans. Je laisse partir et passe à autre chose. Le passé m’intéresse peu.
Continuer la lecture de 40 et plus

Fauve≠

Mars 2014

Je n’ai pas écouté l’album, pas encore, – je viens de récupérer des compil’ de rap australien*, j’ai des priorités – , je n’irai pas les voir en concert – ça doit suer l’adulation à peine pubère, ça risquerait de m’énerver, et puis c’est impossible d’avoir des places sur Paris -, une chanson sur deux m’agace mais tout de même, la claque, il y avait quelques années que je n’avais pas ressenti ce frisson, cette urgence, les chansons en boucle et les paroles qui s’imposent en deux écoutes à peine. L’impression que ce texte (Kané, Blizzard), c’est ma vie qui défile mieux que je ne saurais l’écrire. Je connais ce qu’ils racontent. Je le connais par cœur. Comme dans Un monde sans pitié. « Qu’est-ce qu’ils nous ont laissé putain ? On n’a plus qu’à être amoureux comme des cons ». Comme Sixteen again des Buzzcocks, Aujourd’hui maintenant d’Expérience ou Entre deux feux de Programme. Continuer la lecture de Fauve≠