Tous les textes ci-dessous, classés par ordre chronologique d’écriture, tournent autour de la même personne. Comme il s’agit d’une amie, et pour essayer de conserver un minimum mon équilibre affectif, ce devrait être les derniers textes sur ce sujet.
Déjà trop tôt
tu me manques déjà tu sais
ça fait à peine six heures et j’ai envie de te voir
t’entendre
t’offrir une bière
j’ai enfin compris que je ne prendrai jamais la moindre initiative pour t’attirer dans mes bras
mais je suis lent
c’était évident
j’écoute Blizzard et je pleure doucement
j’écoute Elle va où elle veut et je pleure encore mais là tu n’y es pour rien
tu me manques déjà mais rassure-toi
tu ne t’en apercevras pas
et d’ici une semaine la routine aura repris ses droits
28 août 2014, TGV Genève-Paris
Ménage à trois
tu me manques ma belle
les soirées en ta compagnie me manquent
ton rire, tes sourires
je pense à toi et un an plus tôt sur le balcon, une clope en main, c’était le cas déjà
ma femme est devant l’écran avec les écouteurs et ne sait pas que je pense à toi, ce qui vous fait à toutes deux un point commun. je rêve de ménage à trois et de nuits alternées, combinées, j’imagine souriant les petits déjeuners avant l’école et les questions du gamin et quand je suis vraiment ivre, ce qui n’est pas le cas à présent, je rêve que ça peut marcher…
tu me manques
j’ai envie de t’écrire et n’en ferai rien
j’allume une autre cigarette
29 août 2014, Paris
Équation
C’est une situation toute simple : je suis marié à A – que j’aime – et j’ai envie de de coucher avec B – que je désire fortement. B serait partante je crois. Mais je ne peux rien tenter tant que je n’en ai pas parlé à ma femme (A). C’est tout de même le minimum. Je ne demande pas son approbation mais je dois être honnête. Je n’ose pas. Je ne souhaite pas faire de vagues pour une situation très hypothétique au fond. B peut être amoureuse d’un autre – on pourrait éventuellement l’appeler C mais il ne reviendra pas donc ce n’est pas nécessaire -, elle vit peut-être en couple – je détesterais ça -, elle peut être allergique aux hommes mariés ou rétive à mon charme bancal de quadragénaire timide et arrogant. Les histoires d’infidélité m’ont toujours inspiré un ennui profond et un mépris du même tonneau et je m’étonne tout de même d’en être arrivé là. Dire que je me méprise serait exagéré mais enfin, je ne suis pas fier de moi. C’est une situation tout simple mais je ne sais plus quoi faire alors la journée je bosse et le soir je bois.
Automne 2014, Rouen
La quarantaine ou un peu plus
« Je n’en parle pas beaucoup mais mon couple bat de l’aile. Ça fait plus de 20 ans que je suis avec ma femme », je l’écoute et comprends ce qu’il raconte
on bosse souvent ensemble
c’est presque un ami même si je ne connais pas son histoire et qu’il ne connait pas la mienne
jamais nous n’avons pris une cuite ensemble, il en sait donc peu sur moi…
moi ça fait plus de dix ans et je comprends très bien mais ne franchirai pas le pas
pas maintenant c’est sûr
et si ma femme lisait ces lignes ou encore si j’étais capable d’en parler avec elle – mais parler, je ne sais pas bien faire – si j’en étais capable je dirais quelque chose comme
« tu ne risques rien je t’assure
c’est vrai elle a 20 ans et 20 kilos de moins mais quelle importance
j’ai envie d’elle évidemment
et je peux jouer à être amoureux quelques mois ou années
ce serait un jeu agréable
ça ferait de beaux souvenirs pornographiques et sentimentaux
mais c’est avec toi que j’aime vivre le quotidien
ça fait douze ans que ça dure et
je ne sais pas me lasser »
et quelques mois plus tard, je pose la question et il m’annonce qu’il ne partira pas
il ne veut pas lui faire du mal, à sa femme, et s’il part, elle ne pourra pas payer pour la maison
et de toute façon avec sa maîtresse, ça ne marcherait pas
ils s’entendent bien c’est vrai
ils passent du bon temps
mais c’est facile quelque part
il n’y pas de quotidien accumulé
de sexe routinier
il n’y a aucun obstacle et aucun enjeu, c’est facile
et ce n’est pas plus que cela
et cette nuit sur la terrasse une clope aux lèvres, je pense à lui et à elles deux et à ma femme et à toi, belle jeune fille à qui je ne dirai jamais à quel point ça me manque de ne jamais t’avoir serrée dans mes bras et c’est très bien comme ça, tout est très bien, et je t’assure, ça me manque mais je ne regrette rien, je fume une clope avant d’aller dormir, c’est tout…
Octobre 2014 et février 2015
Je m’en doutais
Tu écris je m’en doutais lorsque je t’annonce que je ne pourrai pas faire l’aller-retour Paris-Toulouse mais si tu savais ma belle comme je regrette de ne pas oser venir… Je pense à toi sans cesse. J’ai envie de toi sans arrêt. J’en crève de ne pouvoir toucher ta peau. Tu t’en doutais ? Non, je ne pense pas que tu te doutes de quoi que ce soit…
Paris, 12 septembre 2015
Impasse
pour le boulot c’est facile
je ne me pose pas de questions
je sais où je vais
je sais ce que j’ai à faire
je sais où sont mes alliés et mes ennemis
c’est presque trop facile vraiment
le boulot n’est plus un problème
il y a tout le reste
j’aime ma femme
j’en aime aussi une autre
plus jeune évidemment
c’est consternant d’en arriver là
je ne dis rien
j’attends
parfois dans la nuit et souvent saoul
je griffonne quelques phrases
quitte à ne pas être tout à fait heureux
autant jouer avec les mots
les sentiments
Paris, septembre 2015
Le retour
ça y est ça recommence
une soirée en sa compagnie et c’est reparti
pareil que l’année dernière et toutes celles d’avant depuis quatre ou cinq ans
je ne pense plus qu’à toi
impossible de dormir et envie de pleurer car c’est évident je ne saurai jamais te dire ce que je ressens
ce dont j’ai envie
passer mes nuits contre et en toi et peu importe les conséquences…
il y a trois solutions simples
1. t’en parler mais non, je suis un garçon timide et, accessoirement, un homme marié comptant le rester
2. ne plus passer de soirée en ta compagnie mais non, tu es trop attirante, il serait absurde de se priver d’un tel plaisir
3. passer mes soirées en ta compagnie chaque fois qu’il est possible et tant pis, j’aime quand je joue à souffrir en silence pour toi ma toute belle
Oléron, 23 septembre 2015