Paris et sa petite couronne sont bien confortables. Où voir un concert d’Emma Pils ou des Dead Boobs ? Où participer à une manif sauvage où banques et agences immobilières sont saccagées ? Où bloquer un carrefour pour un foot’sbeul de rue ?… La métropole permet de consommer de la rébellion de façon quasi quotidienne. Mais cette rébellion amusante, hélas, ne permet pas de construire un modèle social alternatif. Nous y sommes filmé.e.s et repéré.e.s en permanence. Nous y sommes exposé.e.s aux violences sociales et policières, à la publicité en permanence. C’est beau crier Paris debout, soulève-toi ! avant d’esquiver canon à eau et lacrymos mais le lendemain, le réveil sonne, je vais au pain en automate, réveille le gamin pour l’école et l’embrasse, bonne journée mon cœur, je prends le métro, je vais bosser, et n’ose pas déchirer la moindre pub. Paris debout, tu parles. Partir ailleurs et créer les ZAD*/ZAT** partout où c’est encore possible. On en parlait avec ma femme la semaine dernière, avec S et son copain il y a deux jours, partir. Quitter la métropole. Quitter le confort pour aller construire ailleurs et autrement. Un modèle différent. Une contre société. En marge pour de bon. Le petit sera majeur dans cinq ans et là, nous aviserons.
Paris, août 2016
*ZAD : zone d’aménagement différée devenue zone à défendre
** ZAT : zone d’autonomie temporaire, concept proposé par Hakim Bey en 1991 (traduction en français en 1997, éditions de l’éclat).