Il y a quatre mois je l’aimais. Je pensais à elle sans cesse. Ne me masturbais qu’en sa compagnie. Je voulais passer mon temps avec elle, mes nuits et mes journées. Ce n’est rien quatre mois. Je l’aimais et ce n’était pas possible. J’aime ma femme. J’aime mon gamin. Je veux continuer avec eux deux. Je déteste le mensonge aussi. Je ne pourrais pas tromper ma femme sans lui en parler ensuite. Lui expliquer qui, où et pourquoi, comment, j’entrerais dans les détails. Elle souffrirait ma femme, elle en prendrait plein la gueule et réagirait mal mais c’est normal non ? Je n’ai aucun goût pour les cris et les pleurs, les drames du quotidien et les engueulades grotesques, et je n’aime pas faire souffrir celles et ceux que j’aime – je ne prétends pas à l’originalité.
Il y a quatre mois, un changement radical était possible car la jeune fille dont j’étais amoureux, je ne la laissais pas indifférente je crois. Une histoire avait la place pour naître et grandir. De manière clandestine au départ, forcément. Mais je me souviens comme c’est bon de découvrir un nouveau corps, de nouvelles expressions, c’est bon les nuits à parler et à baiser et on veut en savoir toujours plus sur l’autre, c’est bon l’inédit et un jeune corps en sueur contre soi. Oui. Je me rappelle. J’oublie les noms, les lieux, j’oublie beaucoup mais les jeunes femmes, je me souviens. Et parfois cela me manque.
Ce n’est pas compliqué fermer des portes. J’ai ce talent depuis des décennies. J’ai cessé de la voir. De lui envoyer des mails. De liker et de commenter ses statuts facebook. J’ai fait attention de ne pas la croiser lors de ses régulières visites parisiennes. Nous étions à une réunion la semaine dernière et je crois ne pas lui avoir adressé la parole avant ou après. Je lui ai fait une bise juste – deux, j’en fais deux. Mais je ne fais des idées peut-être. Je fantasme seul dans mon coin quand elle vit heureuse et épanouie en couple depuis x temps. Elle n’en parle jamais. Et pourtant, combien de soirées avons-nous passé ensemble à boire et à parler ? Et je ne sais toujours rien.
Je t’aimais ma belle. Je n’ai pas le goût du drame et préfère le renoncement.
février 2014, train Nice-Paris – revu en janvier 2015