Elle ne donne pas de nouvelles alors je ne lui en demande pas. J’ai peur pour elle. Qu’elle ne s’en sorte pas. Qu’elle aille mal. Ça ne lui coûterait rien un mail ou un coup de fil. Mais c’est faux. Cela fait maintenant quatre ans que j’ai envie d’elle. Envie de tout plaquer pour elle. Même si je sais que je ne quitterai pas ma femme, mon gosse, notre appart et ma vie parisienne. Quatre ans que j’écris des poèmes et des nouvelles sur mon désir et notre histoire. Que je n’en publie aucun – je lui ai promis de ne rien mettre en ligne tant qu’elle n’aurait pas terminé sa thèse. Peur de la gêner, de la compromettre. Peur de déclencher des crises idiotes alors qu’il ne s’agit que d’un fantasme destiné à rester à l’état de fantasme. N’empêche. Cela fait des mois qu’elle n’a pas donné signe de vie et je m’inquiète. Et plutôt que de la contacter, comme toujours, je préfère noircir les pages de mon cahier.
TGV Paris – Aix, 25 juin 2015