Ceci est une première tentative, ce texte est amené à évoluer, à proliférer, à grossir comme a grossi le cortège de tête, cette volonté commune de ne plus se laisser faire. De ne plus obéir à qui que ce soit. Ceci est une tentative, un essai, un brouillon, ceci est un témoignage individuel et situé qui n’est représentatif de rien si ce n’est de ce qui me passe par la tête ces derniers mois. Il n’y a pas d’objectif et il n’y a pas de programme. Il n’y a pas de solution. Il y a une énergie, une volonté. Ce n’est pas grand chose mais nous partons de tellement bas, de tellement loin qu’il fallait bien commencer quelque part. Un second volet suivra avec les entrées Amitiés, Cortège de tête, Femme & enfant, Nuit debout, Slogans, SO et diverses bricoles sans doute.
14 novembre 2015
Date historique. 130 mort.e.s et des centaines de blessé.e.s en plein Paris et pas un seul flic dans le lot, étonnant non ?
Pour aller plus loin, voir les billets tagués massacre.
1 mai 2016
J’ai fait quelques premiers mai parisiens, pas beaucoup mais j’en ai fait quelques uns. Musique de merde, odeur de merguez, ballons rouges, ce n’est pas très intéressant mais bon, c’est parfois sympa, on retrouve des copains des fois, des copines. Le premier mai comme je l’ai lu sur un blog, c’est une manif où tu vas en tongs avec ta grand-mère et tes neveux et nièces. Un rituel bon enfant et populaire. Oui. Mais 2016 est une année différente. Nuit debout est passé par là, le cortège de tête a pris à chaque manifestation plus d’ampleur. Il n’est plus question de défiler derrière les banderoles et les services d’ordre des syndicats. Nous sommes devant et le pouvoir, et Michel Cadot n’aiment pas ça. Alors ils sortent les grands moyens. Ils nous font défiler entre des rangées de CRS, de flics en tenue, de flics en civil. Et ça crée un climat tendu car nous ne sommes pas totalement débiles, nous savons que les flics ne sont pas là et n’ont jamais été là pour nous protéger, ce n’est pas leur rôle. Il fait beau, il y a du soleil, le cortège de tête est joyeux, déterminé. Et un quelconque gradé donne un ordre ahurissant : bloquer la manifestation, nasser le cortège de tête. 3000 à 4000 personnes se retrouvent bloquées par les flics. Les lacrymos tombent à intervalles réguliers. Mon fils est avec nous, les flics nous laissent sortir. Et nous resterons plus d’une heure à attendre. Et j’ai vu cette après-midi là des jeunes non politisé.e.s et de vieilles et vieux syndicalistes gueuler ensemble et à juste titre tout le monde déteste la police. Et quand après une heure de surplace, on nous donne à nouveau le droit de marcher, parce qu’on en est là maintenant, on nous accorde le droit de manifester mais à leur rythme, sous les coups et les lacrymos, quand le cortège enfin repart, les lacrymos seront de la compagnie jusque Nation. Et faire ça un premier mai, nous faire défiler entre des rangées de flics le premier mai, ça a été une formidable erreur. Et, même si tout paraît calme, si tout semble éteint aujourd’hui (26 septembre), ils nous le payeront. Pas les flics de base, non – à part la BAC mais c’est une autre histoire -, celles et ceux qui donnent les ordres.
14 juin 2016
C’est un grand jour. C’est le début d’une grosse conférence sur l’analyse de réseaux sociaux à SciencesPo et je suis des organisateurs et trice mais j’ai prévenu, le 14, je ne viens que le matin. Et j’ai fait un mot pour le gamin, il n’ira pas à l’école l’après-midi, il sera avec moi en manif. Je suis excité comme une puce. Par la manif, pas par la conférence. Le matin est passé à régler divers problèmes logistiques : gérer les entrées avec la sécurité, stocker les valises en un endroit fermé, accrocher les posters, installer la table avec les actes, des bricoles sans importance mais je crois au poids des détails. A demain, à demain, filer en métro, les poubelles qui encombraient les rues sont enlevées par des compagnies privées, il ne faudrait pas que Paris présente un visage déplaisant pour ces milliers (millions ?) de supporters attendus car enfin, votre mouvement social, on s’en fout, et puis vous n’oserez pas perturber l’Euro 2016 quand même. Non, la CGT n’osera pas et le 14 juin qui aurait dû être le début de l’insurrection a marqué le point d’orgue de ce beau printemps. Reprendre la chronologie. Maison, préparer les sandwiches, un coup d’œil à Paris-luttes info, les flics sont présents en masse, comme d’hab’, les fouilles ont commencé ici et là, c’est devenu une routine. Je prépare les affaires : masque, foulard, sérum phy, le minimum vital. Le gamin arrive et nous partons, ligne 11, changement à République, ligne 5, on sort à Nationale, pas de fouilles, on longe un quelconque cortège syndical et on va se poser place d’It’ pour manger. Il fait beau. Il y a du monde. Ce va être une belle journée. Nous partons à la recherche du cortège de tête et comme d’habitude depuis quelques mois, il y a du flic en carapace de chaque côté de la rue. Le nombre de personnes en noir – dont moi et mon fils – est impressionnant. La tension monte. Il y a peu de slogans ici. Il n’y a pas de mégaphone. Pas de camions, pas de ballons. Pas de drapeaux. Quelques banderoles renforcées faites main. Il y a l’envie de détruire ce monde et d’en bâtir un autre un peu moins dégueulasse. Nous stoppons au niveau de la mini banderole soyons ingouvernables, c’est devenu notre point de ralliement.
Très vite, cela dérape. Nous sommes aux premiers rangs de la manif et à peine dépassé Montparnasse, ces ordures en bleu bloquent la route. Je sais comment ça se passe dans ces cas-là. Ils vont frapper et gazer et grenader n’importe comment. J’ai déjà vécu ce moment. Il y a un père de famille avec sa fille, elle doit avoir six ans. Je ne peux pas rester là, pas avec mon gamin, c’est trop dangereux. On essaye de négocier pour franchir le barrage. Je suis à deux doigts de m’énerver. L’abruti face à moi a vingt ans maximum et je monte le ton, je ne peux pas rester là avec lui, c’est trop dangereux, vous le savez. Le gamin surarmé a peur, il attend les ordres. L’ordre arrive enfin et ils nous laissent passer. Nous ferons toute la manif devant les flics. Nous verrons les épais nuages de lacrymos, nous entendrons les grenades. Nous sentons que ce n’est pas une journée normale. Les ami.e.s que nous retrouverons aux Invalides en fin de manif nous raconterons. Nous verrons les vidéos aussi. Ce fut un grand jour. Nous avons atteint les limites de l’émeute et des sommets de désinformation médiatique. « Les casseurs dévastent l’hôpital Necker » entendra-t-on aux infos officielles et j’en connais qui croient ces âneries. Il y a eu x manifs qui ont emprunté ce même parcours entre mars et juin, il n’y a jamais eu de problème. Mais ce jour-là, le cortège de tête était énorme, plusieurs milliers de personnes, et les flics ont bloqué tout le monde plus de 40 minutes pile devant Necker avant de lancer des centaines de lacrymos. 1500 lacrymos utilisées à Paris cette après-midi. 40 euros pièce. Ma femme qui travaillait et souhaitait nous rejoindre à Invalides n’a pas pu traverser, elle a vu depuis l’autre rive l’esplanade noyée sous les gaz.
Avec le gamin, nous sommes à Invalides, un feu devant les grilles, il est fasciné, les ami.e.s du nord-est parisien arrivent, ils et elles étaient en tête et racontent, ils et elles ont l’air épuisées, meurtries. Comme me le dira l’un deux quelques semaines plus tard, c’était une bataille. Je cherche des ami.e.s autres mais vite nous devons quitter les lieux, canon à eau, charge, gaz, l’entrée du métro est saturée d’ordures de la BAC. J’espère que les ami.e.s n’ont pas été blessé.e.s.. Je sais de quoi sont capables les flics. Ce fut une grande journée et il était possible de s’appuyer sur cette dynamique pour gagner. Mais les administrations syndicales ont joué le jeu gouvernemental et médiatique « casseur contre vrai manifestant ». Et puis l’euro allait commencer, on n’allait quand même pas gâcher une grande fête populaire. Ils ont trahi. Ils ont été jusqu’à accepter la manifestation la plus idiote de l’histoire – bassin de l’arsenal, 22 juin 2016. Les responsables syndicaux, politiques et policiers devront payer.
Assemblée nationale
Bâtiment moche situé dans un quartier peu agréable, coquille vide dont le rôle politique est négligeable. Et pourtant, plusieurs manifestations eurent lieu à proximité. C’était absurde mais bon, il y a des gens qui pensent malin d’appeler à se rassembler là et d’autres gens qui les suivent parce qu’ils et elles ont quand même envie de protester à leur manière, tant pis pour le lieu. La première fois, il y a eu du monde, des manifs sauvages, des nuages de lacrymos sur la Seine, la première fois, ce furent des moments beaux et violents. La deuxième fois, on a poireauté des heures sur le trottoir entouré de flics avant d’être escorté par groupe de dix jusqu’au métro. Les flics nous disaient par là, par ici, et nous mettaient dans les rames. Et quand un pouvoir emmène les opposant.e.s dans des wagons, pas besoin de faire un dessin.
BAC
Les CRS ne me gênent pas, moins en tout cas que le service d’ordre de la CGT. Les CRS, on les reconnaît, on les voit venir de loin, et surtout, ils obéissent aux ordres. On leur demande d’être par groupes de six sur les trottoirs à deux mètres du cortège de tête le 14 juin, ils obéissent. C’est idiot, c’est dangereux, c’est fait pour que ça dérape, ils savent qu’ils vont s’en prendre plein la gueule mais ils obéissent. On leur demande de charger des mômes, des femmes et des vieux, on leur donne pour consigne violence maximale, ils obéissent. Ils font leur boulot et c’est un boulot de merde mais c’est le cas pour plein de gens, pas de quoi leur en vouloir. Je parle de la base évidemment, pas des gradé.e.s. Les CRS ne me gênent pas, on sait comment ça marche. Les CRS n’ont aucune marge de manœuvre et c’est très bien. Les flics, c’est tout de suite plus gênant. S’ils et elles ont envie de te faire chier, si tu es noir ou arabe et qu’ils ont envie de te contrôler tous les jours entre tes 13 et 30 ans, ben, ils et elles le feront. Les flics, tout de suite, c’est plus gênant. Mais les bacqueux et bacqueuses – oui, il y a des femmes, j’en ai croisé plusieurs ces derniers mois – sont la lie de l’humanité. Ils et elles sont là pour taper, ça leur plaît, ça les excite, ça les amuse. Lorsqu’ils arrivent, il est souvent déjà trop tard, il y a souvent déjà un copain ou une copine plaqué.e au sol, la tête en sang. Racistes, homophobes, violents, crétins, fiers de l’être. La BAC sévit du côté des amandiers ces temps-ci. Ces ahuries de maires socialistes ont fermé le centre des amandiers pour en faire une « fabrique culturelle » alors les gamins zonent, flicaille et BAC patrouillent et l’autre jour un bacqueux interpelle un gamin black de 12 ans qui a un tee-shirt la banane – nom du quartier – et l’interpelle « c’est quoi sur ton tee-shirt ? c’est pour te rappeler ton pays ? »
Casseurs
Terme fréquent dans les médias dominants et dans le troupeau des politiques. Lorsqu’en manif, la question est posée : c’est qui les casseurs ? Certain.e.s gueulent c’est eux les casseurs – du code du travail par exemple. Je suis de ceux et celles qui gueulent c’est nous les casseurs ! Car oui, ce monde doit être détruit.
COP21
Ce fut ma première manif depuis au moins dix ans. Il était important d’aller à République. Que les ordures qui prétendent nous gouverner aient oser affirmer avoir interdit cette manifestation pour nous protéger est un des plus bel exemple de novlangue entendue ces dernières années. Car enfin, que s’est-il passé ce jour-là à République ? Des personnes diverses ont voulu se rassembler. Des anges, des clowns, des black-bloc en mode bisounours, des personnes âgées, des jeunes, les personnes qui se rassemblent ce jour à République iront pour la plupart j’en suis convaincu rejoindre le cortège de tête quelques mois plus tard. Il fait un temps de merde. Le nombre de flics est hallucinant. Je n’en reviens pas. La manif souhaite partir vers l’avenue de la République et là, première nasse, premiers gazages et matraquages. Ils nous protègent, oui bien sûr. C’est le travail de la police non ? Cette manifestation était vitale. Il fallait bouger, crier, faire quelque chose. Il fallait que République redevienne un lieu de combat. Ce jour-là nous avons perdu la bataille. Mais toutes les personnes présentes savaient déjà qu’elles ne voteraient plus jamais socialiste et les plus lents et lentes comprenaient enfin que les flics étaient là pour protéger l’arbitraire du pouvoir, rien de plus.
Journalisme
C’était une assemblée générale à Nuit debout République et une journaliste de France 3 a pris le micro pour expliquer qu’elle était depuis trois semaines sur la place pour réaliser un documentaire et qu’elle voyait des choses très belles mais que plein de gens étaient hostiles, refusaient de lui parler, parfois l’insultaient ou la menaçaient et elle ne comprenait pas, elle se plaignait presque. Je n’ai pas demandé à répondre, je ne prenais pas la parole à Nuit debout République. Que des personnes diplômées et souvent en situation précaire se sentent proches et y voient de belles choses n’était pas étonnant. Que ces mêmes personnes s’étonnent d’être rejetées et parfois violemment m’a stupéfait. Trois ou quatre fois ce printemps des journalistes sont venu.e.s vers moi souhaitant m’interroger et ma réponse fut toujours la même : je ne parle pas aux journalistes. Chaque fois que je repérais un.e journaliste cherchant à me filmer, à me photographier, ou à faire de même avec mon fils, je dissimulais nos visages. Je ne lis pas la presse quotidienne ou hebdomadaire, à part le Canard enchaîné, je ne regarde pas la télé, je n’écoute pas la radio à part Konstroy et quelques émissions sur Radio libertaire (Ras les murs, Femmes libres). Je n’ai aucune confiance dans les médias dominants. Ils sont là pour vendre des espaces publicitaires et ne méritent même pas ces quelques lignes. Les journalistes et les politiques ont sali le langage et les un.e.s et les autres méritent de disparaître. Oui je sais, ce n’est pas très élaboré. Pour de l’élaboré, voir Chomsky et Herman, La fabrication du consentement, Les nouveaux chiens de garde, Acrimed et j’en passe. Mais surtout, appliquer le vieux mot d’ordre de Jello Biafra : ne perdez pas votre temps à critiquer les médias, créez vos propres médias.
Loi travail
Je n’ai pas lu cette loi et je m’en fous pour tout dire. C’est un prétexte. Cette loi agit comme un révélateur d’une logique globale. J’ai manifesté contre la loi travail mais surtout contre son monde. Contre l’état d’urgence, la police – pas contre les violences ou la répression policière, non, pas spécialement contre les personnes en uniforme que je considère comme des prolétaires, non, contre la police comme institution -, la pub, la société de consommation, le patriarcat, l’exploitation animale, le racisme, l’islamophobie, l’homophobie, j’ai manifesté contre un monde qu’il va bien falloir se décider à détruire. J’ai manifesté pour les résistant.e.s de Bure et de Notre-Dame des Landes, pour les salariés de Goodyear et d’Air France, pour les dockers du Havre et pour les blocages des raffineries. La loi travail je m’en fous.
Manifs sauvages
C’est peut-être lié à l’accès à l’information alternative, tellement plus facile aujourd’hui grâce au web. Mais tout de même, j’ai l’impression qu’en 1995 par exemple, ou que lors du CPE, il y avait eu moins de manifs sauvages qu’en ce printemps de rage et d’espoir. Violence rouge et colère noire comme ils chantent les redskins de Bolchoi. Car bien sûr, les médias dominants n’en disent jamais un mot. Rien que le jour du tour de manège au bassin de l’arsenal, 3 manifs sauvages à Paris dont une bien déter à Ménilmontant le soir, mon quartier adoré. Ou avec les cheminots cette manif tristoune Montparnasse – Ministère des transports et ça part en métro en sauvage du côté de la porte des expositions et la rue de la convention est retournée, banques, agences immobilières, junk food franchisé, tout y passe et c’est la joie à l’état pur. Ou lorsque ces ordures de socialites se réunissent à Bercy et bouclent tout le quartier, faisant même fermer le parc, les ordures, mais là encore, une belle sauvage, sur les voies rapides, dans les rues, sur les voies ferrées de Bercy à Gare de Lyon. Et bien sûr lorsque les fachos d’alliance squattent République et que ce cher Michel Cadot interdit au tout dernier moment le rassemblement d’Urgence notre police assassine. Mais si, rappelez vous, la bagnole de flics en feu. La joie à l’état pur suppose la révolte, toujours. C’est peut-être une illusion liée à la facilité d’accéder à l’information mais ce qui est sûr, c’est que Paris est redevenue sauvage ce printemps. Il était temps. Et les braises ne sont pas encore tout à fait éteintes, j’ai confiance.
Michel Cadot
Préfet de police de Paris. Ennemi. A transformé les manifestations parisiennes qui enfin commençaient à redevenir vivantes en une mascarade invisible et policée. Grâce à lui désormais, il est courant d’être fouillé 5 ou 6 fois avant de rejoindre le point de départ d’une manifestation, car bien entendu il ne saurait être question de rejoindre la manifestation en cours de parcours, cela n’est plus autorisé. Grâce à lui désormais, on défile derrière et entre des murs de bleus qui à intervalles réguliers frappent, gazent, interpellent au hasard et font régner la terreur. Grâce à lui désormais, le point d’arrivée des manifestations parisiennes est toujours recouvert d’un épais nuage de lacrymogènes. Rentrez chez vous et faites le vite, nous allons charger. L’objectif est simple : que les personnes aient peur de manifester et cessent de le faire. Et que les manifestations permettent à nos chers amis policiers, CRS et gendarmes de frapper au hasard, et de faire mal, mais vous comprenez, ils sont tellement surmenés les pauvres, avec l’état d’urgence tout ça, vous comprenez, c’est pas facile pour eux non plus… Michel Cadot est un ennemi et son nom ne sera pas oublié.
Nasse
Avec le cortège de tête, l’une des nouveautés de ce printemps 2016. Il y eut quelques précédents (COP21 à République) mais le terme est maintenant devenu d’usage courant. Ou comment lors d’une manifestation, le simple fait de pouvoir marcher est devenu un privilège accordé de façon semble-t-il aléatoire par les autorités policières. J’ai eu la tentation d’écrire un article scientifique sur le sujet tant la violence d’un tel dispositif dépasse tous les hauts faits du cortège de tête, j’ai renoncé. Dans le milieu académique devenu un temple de l’individualisme, mon analyse n’a pas la moindre chance de passer.
Pour aller plus loin : https://lundi.am/Kettling
Radicalisation
Ce printemps 2016 n’a pas modifié mes opinions. Il a changé mes pratiques. J’ai plus manifesté, j’ai assisté à plus de réunions politiques en trois mois qu’en vingt ans. Mais l’appareil idéologique qui me porte n’a pas varié : refus des élections, des autorités, autonomie et autogestion pour faire très simple – mon appareil idéologique est plus viscéral qu’élaboré. Je n’ai pas découvert les agissements des services d’ordre syndicaux ou des flics ce printemps, je connaissais ça depuis décembre 1995. Par contre, et une amie récente faisait le même constat, si ma colère n’a pas changé, elle est maintenant comprise voire partagée. Ma femme a voté Chirac en 2002, elle a voté Hollande en 2012, elle ne votera pas en 2017 et j’en connais des dizaines comme elle. Et ce n’est que le début…
Socialistes
Comme me l’a dit un collègue de lutte, bon, les socialistes, on en attendait pas grand chose. Et ça fait longtemps que ça dure. Oui c’est vrai, on n’attendait rien de ces gens-là. Mais tout de même… Qu’il reste encore dans le pays des permanences de ce parti aux vitres intactes me stupéfie. Que les médias dominants s’amusent à essayer de nous vendre leur primaire me consterne. Crevez les toutes et tous, il n’y a pas d’autre mot pertinent d’ordre aujourd’hui.
Paris, septembre octobre 2016 – à suivre..