L’hébergement gratuit sur internet suppose que les données déposées sont destinées à être commercialisées sans que l’on sache comment – et ça m’ennuie. La plupart des bricoles parues sur le micro-blog brèves & fatras – textes minuscules et notes en vrac sont ici, là et là.
Des dizaines d’histoires et de poèmes attendent sans un bruit que je me décide à travailler. Lâcher l’ordi, les jeux en ligne, les vidéos pornos et neuf fois sur dix, la paresse l’emporte. Ils attendent. Quelques lignes surgissent parfois dans un coin de mon crâne alors que je fume une cigarette au balcon. J’oublie le plus souvent de les noter. (Paris, juin 2015)
Il ne s’agit pas d’écrire ce qui me passe par la tête. Il s’agit de choisir quelques mots, une situation et de viser le vrai. Souvent ça rate. (2014 ?)
je ne travaille pas pour le plaisir ou pour l’argent
je travaille pour tromper l’ennui
oublier la vie quotidienne
ses routines et sa pesanteur
je travaille pour les mêmes raisons que j’écris
sortir du monde
Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? et si on me posait la question aujourd’hui mais on ne me la pose plus car je suis grand maintenant, et les grands ne sont pas censés vouloir faire autre chose que ce qu’ils font tous les jours, et puis les grands ne veulent plus, ils font et rien d’autre, mais si on me posait la question malgré tout, je répondrais que je veux écrire. Avoir du temps pour écrire.
Ce n’est pas mon histoire. Il y a parfois des petites histoires qui me sont arrivées à une époque ou à une autre, ici ou ailleurs. Mais ça n’a guère d’importance. Ce qui compte peut-être, c’est de transformer ces morceaux d’histoires en quelques phrases qui tiennent la route. Qui aient du rythme. Ce qui compte, c’est le style et l’émotion qu’il est susceptible de provoquer.
les jours, les textes et les amours se suivent et ne se ressemblent pas nécessairement
parfois je me tiens droit
me montre à peu près à la hauteur
parfois je m’effondre dès la première phrase
le premier regard
c’est clair, la stabilité n’est pas à mon programme
Ma vie, mon histoire je m’en moque. J’ai déjà du mal à la vivre souvent, je ne vais pas en plus me fatiguer à l’écrire. (23/09/14, Paris)
Les musiques ne se renouvellent pas et pas non plus le vocabulaire, la syntaxe. Les adjectifs chacun à leur place. La ponctuation ou son absence. Les majuscules qui s’imposent une semaine sur deux. Comme mon planning, une semaine matin, une semaine après-midi. Et l’ensemble, cadenassé. Et merde pour la lumière, le partage, tout ce que vous voudrez… (Pau, 2001)
des brides
des éclats
ce n’est pas vraiment un choix
il faut du temps pour écrire
du calme
un minimum d’énergie
c’est mieux si je suis seul aussi et depuis que j’ai une famille
ça n’arrive pas très souvent
et quand amel me dit
les textes courts ça ne compte pas
je suis assez d’accord
juste
je manque de temps pour faire autre chose
Tous ces textes, je ne sais qu’en faire. Je pourrais faire un blog. Un de plus. Ou créer de beaux petits objets et les distribuer aux ami-e-s. Miser sur la diffusion virale de jolis produits faits main. Ce qui est sûr, ce que je ne souhaite ni faire la pute auprès d’hypothétiques éditeurs ni faire le clochard chez les revues de pouésie installées. J’écris pour moi, pour mes ami-e-s. Et comme chantait l’autre, j’écris pour passer le temps, petit qu’il me reste de vivre. (Paris, le 14 août 2013)
Elle devait être saoule et triste, je ne vois pas d’autre explication. Elle m’a googlé, elle a été voir facebook, le blog et manque de chance je venais de publier un texte sur elle et Noir désir et elle a craqué, elle m’a écrit. Après vingt ans de silence tenace. Abrutie… J’ai répondu. J’étais content de la savoir en vie déjà. D’avoir de ses nouvelles. Elle a temporisé. Puis a de nouveau coupé les liens. Il n’y pas de place pour toi dans ma vie dit-elle. Elle a évidemment raison. Les amours mortes n’ont pas à venir hanter nos quotidiens tranquilles, installés. (été 2014)
c’était long 20 ans de silence
mais je m’étais habitué
je n’y pensais presque plus
quelques lignes cet été
quelques courts messages
et le silence qui revient déjà
je t’en veux bien sûr mais tu es vivante et
c’est le principal (été 2014)