Archives de catégorie : politique

Avant et après le 13 novembre 2015

à M., à J. – merci pour tout

Ce qui suit est une tentative visant à expliquer ce qu’a produit la nuit du 13 au 14 novembre 2015 dans ma vie et celle de mes plus ou moins proches. Il n’y a là aucune volonté d’objectivité et aucune considération morale. Il s’agit d’un bilan provisoire dans la mesure où les effets de cette nuit ne cessent de se prolonger dans les rues de ma ville, dans mes actes et dans mes désirs, mes indignations. Je ne peux évidemment être honnête sans évoquer un minimum mon entourage, ce que je cherche d’habitude à éviter. Ma femme est ma femme, mon fils est mon fils mais ils ne lisent pas mes textes donc, même si je fais attention, ça passe. Les amies sont désignées par des lettres et j’ai fait en sorte de taire tout élément permettant à des proches de les identifier – elles se reconnaîtront évidemment, mais elles sont les seules à pouvoir le faire. Et l’emploi du féminin n’est pas anodin, il n’y a qu’avec des femmes que j’ai su parler de cette nuit. Alors que normalement, parler avec des femmes, je ne sais pas faire.
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La métropole, la campagne…

Paris et sa petite couronne sont bien confortables. Où voir un concert d’Emma Pils ou des Dead Boobs ? Où participer à une manif sauvage où banques et agences immobilières sont saccagées ? Où bloquer un carrefour pour un foot’sbeul de rue ?… La métropole permet de consommer de la rébellion de façon quasi quotidienne. Mais cette rébellion amusante, hélas, ne permet pas de construire un modèle social alternatif. Nous y sommes filmé.e.s et repéré.e.s en permanence. Nous y sommes exposé.e.s aux violences sociales et policières, à la publicité en permanence. C’est beau crier Paris debout, soulève-toi ! avant d’esquiver canon à eau et lacrymos mais le lendemain, le réveil sonne, je vais au pain en automate, réveille le gamin pour l’école et l’embrasse, bonne journée mon cœur, je prends le métro, je vais bosser, et n’ose pas déchirer la moindre pub. Paris debout, tu parles. Partir ailleurs et créer les ZAD*/ZAT** partout où c’est encore possible. On en parlait avec ma femme la semaine dernière, avec S et son copain il y a deux jours, partir. Quitter la métropole. Quitter le confort pour aller construire ailleurs et autrement. Un modèle différent. Une contre société. En marge pour de bon. Le petit sera majeur dans cinq ans et là, nous aviserons.

Paris, août 2016

*ZAD : zone d’aménagement différée devenue zone à défendre
** ZAT : zone d’autonomie temporaire, concept proposé par Hakim Bey en 1991 (traduction en français en 1997, éditions de l’éclat).