Archives de catégorie : remix

poèmes écrits entre 1992 et 2001 et plus ou moins retravaillés

The Pixies (à Val.)

Les Pixies encore, ça faisait longtemps. Dix ans minimum et je compte large. Black Francis, Joey Santiago, Kim Deal, plus le batteur dont je ne me rappelle jamais le nom. I bleed. Le visage en sang un jour sur deux, I bleed, évidemment, comme si j’avais le choix. Je ne me soigne pourtant pas. Ni l’envie ni le temps. Pas même l’espoir d’y croire.

Les Pixies, c’était il y a longtemps. Je me rappelle alors. Les Inrocks première formule. Bimestriel en N&B car trop de couleur distrait le spectateur et je ne suis pas loin d’être d’accord et je me range (déjà) dans les vieux cons, j’étais (déjà) abonné, je le fus en neuf adresses différentes. J’ai arrêté depuis.
Continuer la lecture de The Pixies (à Val.)

“Sixteen again”

L’ombre d’un chien. La destinée. Les mots fléchés du Parisien. Les reniements multipliés. D’autres choses encore, m’échappent. Tu le sais, je ne suis ni des perdants ni des vainqueurs. Ce genre de lutte ne me concerne pas plus aujourd’hui qu’hier. Quand je travaille, je le fais bien. Quand je t’adore idem. Tu me juges intolérant mais tu ne m’as pas connu à seize ans. Personne ne m’a connu alors, j’étais difficile d’accès. Le moins que l’on puisse dire si tant est que dire soit utile, parfois. Rien d’innocent. Jamais. Aucun de mes gestes. Aucune de mes phrases. De mes silences contraints. L’histoire ancienne avec laquelle il nous faudra composer d’une nuit l’autre. Continuer la lecture de “Sixteen again”

Pris dans la rue / Hivernal

Pris dans la rue 1

Tu marches vite et l’on s’écarte sur ton passage. Ton visage est fermé à double tour, concentré sur un seul objectif, marcher, marcher le plus vite possible, avaler les obstacles, anticiper les ralentissements afin de les détruire. Ne pas se laisser distraire. Ne pas se laisser bouffer. Seules les informations utiles seront traitées. Le feu passe au rouge, les deux filles vont stopper devant la vitrine, le type à la poussette contourne la poubelle sur la gauche, attention, un gamin en rollers. Surtout ne pas freiner. Ralentir c’est mourir. Ralentir c’est baisser les armes. Et surtout ne donner aucune prise. Les gens se croient tout permis sinon. Le corps doit fonctionner à vive allure jusqu’à prendre toute la place. Tester la machine. Sa résistance, ses capacités. Lui faire confiance. Tu ne te rends pas au travail ou à un rendez-vous, non, tu as tout ton temps et tu choisis tes propres contraintes. Tu ne regardes pas le paysage, tu ne regardes ni les filles ni les garçons,tu ne t’attaches pas aux détails, tu marches pour épuiser la ville et, tu en es convaincu, bientôt tu y parviendras. Continuer la lecture de Pris dans la rue / Hivernal

20 décembre 1995

20-12-95. Seul. Mes cellules ont augmenté leur taux de mortalité. Les yeux ouverts, impuissant. Codevi : 173 francs. Compte chèques : – 2615,92 francs. Personne n’appelle, Myriam non plus. Cessé d’avoir mal gelé. Dominer quelques minutes ma désespérance, le froid réapparaît. Léo Ferré. Notre pitance incertaine. Bilan triste à pleurer. Faillite. La tendresse s’en va toute seule. Du vent et des bijoux. J’aimerais tant oublier. Continuer la lecture de 20 décembre 1995

Virginie

[petit feuilleton romantico-amoureux en 7 + 1 épisodes]

Joli mensonge

la douceur folle de ces nuits où je ne sais rien faire sinon te regarder dormir en paix
impossible de geste
fermer l’œil
m’ennuyer
incapable de penser à autre chose qu’à toi et tu t’en fous royal tu dors et ronfles et rêves et tu as raison bien sûr et si j’étais moins bête je ferais de même mais non ça ne se passe pas comme ça
la nuit s’éclaire chassée
j’attendrai tes charmes au dehors
à la lisière

Continuer la lecture de Virginie

Élégie n°2

tu reviendras me tailler les veines plus tard j’ai une pinte à finir
des gens à qui parler aussi
s’ils daignent m’écouter
ce soir l’affaire est d’importance
l’échéancier rigoureux
mauvaises chansons
mauvais parfums
mauvaises vibrations et je ne suis pas présentable
les cheveux trop courts
ma veste rouge et noire
j’ai bu aussi
mon haleine sent
qu’avons-nous fait et
qu’attendons-nous pour cesser sinon un coup de pouce charitable
il ne viendra pas

tu te réjouiras une fois prochaine

elle devait être là elle n’y est pas
alors perdre mon temps et aujourd’hui et dans l’ensemble je me hais
c’est étonnant le nombre de nanas qui sont géniales
c’est étonnant comme je suis nul souvent
et je ne me lasse pas de mon étonnement

tu reviendras me tailler les veines plus tard
pour elle
je veux bien vivre encore un peu
jusqu’à son retour déjà

une petite brune accroche son manteau
je pense à toi bien qu’elle soit plus jolie
elle picole moins aussi
mais son mec arrive aussitôt
j’ai souhaité notre bonheur et tu n’en voulais pas

chercher à se plaire
arpenter les carrières
la mère de mes enfants s’y promène peut-être
sinon je prendrais des photos

carriere

Paris, janvier – mars 2000

À Venise

Je sais, j’aurais pas dû, c’est mal. Mais sur l’instant, j’ai eu l’impression qu’elle ne me laissait pas le choix. Ce n’était pas dans ses habitudes d’ailleurs… Et puis merde quoi, elle l’a bien cherché après tout, elle est autant responsable que moi dans l’histoire car enfin ça faisait cinq ans que je m’écrasais dans mon coin, que je veillais à ne pas prendre trop de place, cinq ans que je préservais sa précieuse liberté et que je payais les factures, cinq ans que j’allais bosser tous les jours, lever à 6 heures, une heure de transport aller, une heure retour, un boulot à la con d’ailleurs, cinq ans que je faisais les courses, la bouffe, le ménage, cinq ans que je lui offrais des cadeaux, des voyages, cinq ans que je l’invitais au restaurant et tutti quanti. Et pour quel résultat ? Continuer la lecture de À Venise