Le style, l’alcool et un concours raté

Bien sûr le style. C’est tout ce qui compte non ? le style. Tu sais bien. Céline, Djian, Bukowski, Selby, tous ces gens-là, tous ceux que tu ne seras jamais. Tu n’as pas pas l’audace. Tu n’as pas le style. Tu n’as pas ce qu’il faut. La flamme. Les visions. La vie qu’il faudrait, et l’élégance. Et surtout tu ne travailles pas assez. Tu crois encore à ces fables sur l’inspiration. Au lieu de reprendre tes phrases tous les jours quoi qu’il arrive, tu griffonnes trois quatre lignes de loin en loin, le plus souvent ivre, et ça ne vaut rien, tu le sais depuis le temps. Et tu continues à jouer l’écrivain, espérant sans doute impressionner des jeunes filles auxquelles tu ne sais pas parler. C’est décevant dans l’ensemble. Continuer la lecture de Le style, l’alcool et un concours raté

pas de nouvelles

Elle ne donne pas de nouvelles alors je ne lui en demande pas. J’ai peur pour elle. Qu’elle ne s’en sorte pas. Qu’elle aille mal. Ça ne lui coûterait rien un mail ou un coup de fil. Mais c’est faux. Cela fait maintenant quatre ans que j’ai envie d’elle. Envie de tout plaquer pour elle. Même si je sais que je ne quitterai pas ma femme, mon gosse, notre appart et ma vie parisienne. Quatre ans que j’écris des poèmes et des nouvelles sur mon désir et notre histoire. Que je n’en publie aucun – je lui ai promis de ne rien mettre en ligne tant qu’elle n’aurait pas terminé sa thèse. Peur de la gêner, de la compromettre. Peur de déclencher des crises idiotes alors qu’il ne s’agit que d’un fantasme destiné à rester à l’état de fantasme. N’empêche. Cela fait des mois qu’elle n’a pas donné signe de vie et je m’inquiète. Et plutôt que de la contacter, comme toujours, je préfère noircir les pages de mon cahier.

TGV Paris – Aix, 25 juin 2015

La morale est sauve et je n’aime pas vraiment ça

Il y a quatre mois je l’aimais. Je pensais à elle sans cesse. Ne me masturbais qu’en sa compagnie. Je voulais passer mon temps avec elle, mes nuits et mes journées. Ce n’est rien quatre mois. Je l’aimais et ce n’était pas possible. J’aime ma femme. J’aime mon gamin. Je veux continuer avec eux deux. Je déteste le mensonge aussi. Je ne pourrais pas tromper ma femme sans lui en parler ensuite. Lui expliquer qui, où et pourquoi, comment, j’entrerais dans les détails. Elle souffrirait ma femme, elle en prendrait plein la gueule et réagirait mal mais c’est normal non ? Je n’ai aucun goût pour les cris et les pleurs, les drames du quotidien et les engueulades grotesques, et je n’aime pas faire souffrir celles et ceux que j’aime – je ne prétends pas à l’originalité. Continuer la lecture de La morale est sauve et je n’aime pas vraiment ça

Tromper ma femme

Rappel : seule la rubrique fatras de ce blog est autobiographique. Les textes des autres rubriques sont des réalités parfois personnelles et toujours alternatives…

1. Accroché

Je ne me suis pas longtemps posé la question quand elle m’a proposé de le faire. Il y a ma femme, mon gosse, la stabilité affective à laquelle je m’accroche pour rester entier. Et puis elle ne m’attire pas plus que ça. Son corps est correct, sans plus, et elle parle beaucoup trop. Elle attend, elle sourit. Reprend une gorgée de bière. Je bande bien entendu. Je souris à mon tour. Ce n’est même plus une question de morale. De principe. Si je devais tromper ma femme avec quelqu’un, je préférerais que ce soit avec une autre, avec Marion, avec Julie, je connais des jeunes femmes beaucoup plus attirantes. Continuer la lecture de Tromper ma femme

sur les concerts et les services d’ordre

Découvrir l’émission de radio Konstroy puis le site d’annonce de concerts razibus.net a changé du tout au tout ma consommation de concerts et m’a permis de réfléchir un tout petit peu sur l’inutilité manifeste des services d’ordre. Je ne parle pas ici des festivals estivaux où je n’ai pas mis les pieds depuis Noir désir aux Eurockéennes en 1995 ni des hangars type Zénith ou Bercy. Je parle des concerts où la proximité physique et le nombre de personnes permet d’espérer un minimum d’échanges et d’émotions non exclusivement marchands.
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ce n’est pas passé loin…

Le 15 août dernier, seul à Paris tandis que femme et enfant étaient sur la Côte d’Azur, sans doute le soir (la journée je travaille salarié) et à jeun (peu bu dans l’ensemble cet été, trop fumé par contre), j’ai écrit un billet intitulé Ce blog s’arrête maintenant. Le texte est le suivant :

« Le titre est clair non ?

Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de venir régulièrement lire mes bricoles – n’hésitez pas à faire circuler celles qui vous paraissent tenir la route, j’arrête d’alimenter mais je continue à payer le nom de domaine.

Je ne suis pas convaincu par les textes sur écran. J’ai envie d’objets imprimés qu’on peut ranger dans sa bibliothèque, feuilleter de temps à autre, offrir, faire circuler.

Et puis il y a un projet de roman dans l’air et la temporalité d’un roman n’est pas celle d’un blog. À très bientôt ailleurs. »

Comme d’habitude, je l’ai mis de côté, l’ai laissé reposer avant de décider du bien fondé de sa mise en ligne. Et deux jours après, j’ai écrit un billet sur Drive blind (le groupe, pas la chanson) et je me suis dit qu’arrêter était peut-être prématuré… Il y a aussi l’histoire du roman et je n’arrive pas à me décider encore. Est-ce que j’ai vraiment envie de ça ? Est-ce que j’en suis capable aujourd’hui ? Et quel serait l’objectif ? Chercher un éditeur ?… J’ai fait comme tout le monde à 20 ans, j’ai envoyé mes manuscrits en commençant par Bernard Barrault car il publiait Djian à l’époque. Et j’ai vite laissé tomber. Le marché de la nouvelle et de la poésie est à peu près inexistant et, comme partout, se faire une place minuscule suppose de construire un réseau, rencontrer du monde, se faire voir avant d’éventuellement se faire lire. Je n’avais ni les armes ni les entrées pour jouer le jeu. Et je n’ai pas plus envie de le faire aujourd’hui. Alors un roman, je ne suis pas sûr. Je n’ai pas touché à mes dix pages de notes depuis deux semaines… Le roman, je ne sais pas encore. Quant à ce blog, il ne s’arrêtera pas tout de suite même si, c’est vrai, je préférerais quand même des objets imprimés.

Paris, août 2015

les courses

et je me rappelle à Pau quand je tenais avec 100 francs par semaine
les courses c’était vite vu
un paquet de Marlboro longues
du Gauloises à rouler et un paquet de Rizzla bleu
un Libé, un café et un verre d’eau en terrasse boulevard des Pyrénées parce qu’il n’y a aucune raison de laisser les plaisirs aux bourgeois et aux étudiants fils de bourgeois
puis une plaquette de beurre et des pâtes pour chiens
macaronis premier prix
c’était rapide et c’était à dix centimes près
c’est toujours rapide aujourd’hui mais je compte plus rien et achète les clopes par cartouche
avoir été pauvre m’a servi et quoi qu’il arrive je dépense toujours beaucoup moins que je ne gagne
au rayon yaourts parfois je marque un bref temps d’arrêt car c’est délirant quand même le nombre de produits disponibles y compris dans une supérette parisienne de quartier et c’est évident
une société qui propose 300 types de yaourts différents mérite de crever sous les balles

Paris, 16 août 2016

Drive blind, Be a vegetable, 1996

Si je me suis en juillet dernier inscrit comme contributeur sur Wikipedia, c’est en grande partie pour créer une entrée dédiée à Drive blind. Que le groupe responsable d’un des plus formidables albums de rock’n’roll des années 90 (Be a vegetable, PIAS) soit absent est incompréhensible. Que cet album ne soit plus disponible depuis des années l’est tout autant. En fouillant un peu, j’ai trouvé un élément d’explication : le groupe se sépare peu de temps après la sortie de l’album, en pleine tournée. Juste avant un passage prévu aux Eurockéennes… Et ça m’agace quand je google « Drive blind » de tomber sur le groupe Ride (je viens d’écouter ce titre pour la première fois à l’instant, du Jesus & the Mary Chain pour les nuls, mais c’est une autre histoire). Continuer la lecture de Drive blind, Be a vegetable, 1996