Commençons par ce qui fâche.
1. le nom. Ils répètent à Saint-Maur, ils se nomment les dead boobs. Super drôle.
2. le côté homophobe. Sans doute du quatorzième degré mais j’ai du mal quand même. Comme l’introduction du morceau Patrons (« les patrons c’est tous des enculés / faut leur couper la bite à tous ces sodomites »). Le pire c’est en concert lorsque Jean-Louis/Maxime, chanteur guitariste, demande à un type dans le public comment il s’appelle, « Machin Bidule » et le groupe se met à jouer « Le plus gros des pd, c’est Machin Bidule ». Oui, c’est encore du quatorzième degré mais quand on a traîné dans le milieu gay avant l’arrivée des trithérapies, il y a des attitudes qui passent mal… Continuer la lecture de « Pas pour l’argent, pas pour les gens » : les Dead Boobs
Un regard
tout est parti d’un regard
que je n’ai pas su lire
le regard d’une jeune femme
que je connaissais un peu
appréciais beaucoup
un regard qui dure une ou deux secondes de trop
une ou deux secondes de plus que nécessaire
et tout est parti de ce regard Continuer la lecture de Un regard
jour après nuit
c’est toujours pareil non
les mêmes lieux
les mêmes gens
le même vocabulaire
les mêmes pauvretés de langage
de sentiment
c’est toujours un peu pareil
et c’est rassurant au fond
ça demande moins d’effort
moins d’énergie
oui c’est rassurant tout ça Continuer la lecture de jour après nuit
dépendant / je bois / nevershow / puzzle
dépendant
Mon pneumologue est un abruti arrogant. Il faut arrêter de fumer dit-il toutes les cinq minutes. Il n’a rien de plus intéressant à proposer et ne se rend pas compte. Toute ma vie adulte, tous mes voyages, toutes mes amours et blessures sont parfumés de Marlboro 100s. Et lorsque qu’aujourd’hui je quitte le salon familial pour m’assoir sur le balcon, a-t-il la moindre idée du privilège extraordinaire qu’il y a à pouvoir s’extraire ainsi quelques minutes de la lourdeur quotidienne.
x fois j’ai arrêté. La première semaine est toujours un enfer. Je ne pense qu’à ça, j’ai faim sans cesse, envie de dormir, et dans la rue j’inspire profondément chaque fois que je croise une cigarette allumée. Puis ça va un peu mieux. Et l’ennui s’installe. Je respire et dors mieux, mes aérosols de Ventoline durent plus longtemps, j’ai plus d’argent aussi, et la vie est fade. Je tiens deux semaines ou deux mois puis retourne dans un tabac, sors mes 7 euros, ouvre le paquet soigneusement et la première cigarette est un bonheur absolu, même si la tête tourne un peu…
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pas à me plaindre
je n’ai pas à me plaindre c’est vrai
si l’on réfléchit bien je n’ai vraiment pas à me plaindre
un boulot passionnant
sans horaire
sans patron
sans petit chef et plutôt bien payé
– mieux payé que tous mes boulots précédents toujours –
un boulot où je choisis quand et avec qui je bosse
et je ne choisis que des personnes que j’apprécie
le boulot franchement
pas de quoi se plaindre Continuer la lecture de pas à me plaindre
Emma Pils : la rage, le talent, plus l’attitude
Il y a dans le minuscule milieu punk parisien actuel une course à la radicalité qui peut parfois laisser songeur. Tel groupe se fera une règle de ne donner que des concerts de soutien ou, à la rigueur, des concerts gratuits. Tel autre proposera l’intégralité de ses titres gratuitement sur bandcamp. Un troisième se fera un point d’honneur de vendre ses disques (vinyl, nécessairement vinyl) à prix coûtant. Envisager que jouer puisse rapporter plus que du plaisir est a priori suspect.
Emma Pils est peut-être le groupe qui pousse cette logique le plus loin : pas de page facebook, pas de vidéo sur youtube*, refus de jouer dans certaines salles – le groupe a débattu un moment avant de jouer à la mécanique ondulatoire, – un bar désagréable avec videur à l’entrée certes, mais un bar où la salle, les tarifs et la programmation sont corrects -, intégralité des albums en téléchargement libre sur leur propre site. Et si l’on choisit le format mp3, un pop-up nous précise gentiment que c’est un format non libre et de qualité médiocre, alors que les autres formats proposés sont libres et de meilleure qualité. Animant leur propre site, ils ont fait en sorte qu’il soit impossible de partager une chanson ou une vidéo : impossible donc de les mettre contre leur gré sur n’importe quel « viewer capitaliste à la con ». S’il était possible de ne pas être référencé par google, je suis certain que ce groupe le ferait aussitôt. Continuer la lecture de Emma Pils : la rage, le talent, plus l’attitude
depuis le 13 novembre
sur quelques conséquences personnelles et parfois non prévisibles des massacres parisiens
depuis le 13 novembre j’ai arrêté la pornographie en ligne et ne regarde plus en me masturbant les scènes de torture tarifée que l’on peut voir par milliers sur xhamster ou youporn, l’une des dernières que j’ai pu voir était un gangbang allemand de taille réduite, cinq types sur une femme et les mecs portaient des préservatifs ce qui est plutôt rare, plutôt bienvenu, et après avoir éjaculé dans leurs capotes, les mecs maintenaient vers l’arrière la tête de la femme blonde et vidaient le sperme dans sa bouche pour qu’elle avale et ça ne voulait rien dire, personne ne peut prendre de plaisir à cette situation à part des mecs capables de traiter des femmes comme de la viande, c’est comme ces scènes absurdes de fellation où le mec debout pince le nez de la femme pour l’empêcher de respirer, ça ne ressemble à rien, je me suis pourtant branlé devant ça, et j’ai arrêté donc. Continuer la lecture de depuis le 13 novembre
Bruce Springsteen, Nebraska, 1982
Il doit exister au bas mot 50 biographies de Bruce Springsteen dont 45 préfacées par cet escroc d’Antoine de Caunes tout comme il doit exister 150 biographies des Rolling Stones dont 124 préfacées par cet abruti de Philippe Manoeuvre – je ne parle là que du marché français, je ne connais pas les équivalents anglophones de ces deux guignols – et il n’est donc pas utile de situer le personnage, sa trajectoire, le côté exemplaire de sa carrière et de son attitude. Ce type a tout pour inspirer le respect. Il n’a pas trahi sa classe, il est resté un prolétaire tout en devenant millionnaire et j’ai lu suffisamment de comptes-rendus de concerts de ce type ces trente dernières années pour savoir qu’il est d’une générosité sans bornes. Et pourtant, et ça ne date pas d’hier, hormis une poignée de titres (The river, Thunder road, que des titres sortis avant Born in the USA donc) et un album (Nebraska, 1982), sa musique m’ennuie. Qu’il soit un type bien ne change rien à l’affaire.
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rien à attendre
et lorsque ma femme me demande si le moral ça va mieux j’ai le casque et fais semblant de ne pas entendre et elle n’insiste pas elle sait que j’écoute souvent très fort de la musique violente et puis je ne souhaite pas lui mentir je ne lui dis pas tout ça ne sert à rien de tout dire ce serait comme vouloir tout écrire ce serait destructeur pour elle pour mon gamin pour moi évidemment je ne lui dis pas tout mais je ne lui mens pas est-ce que ça va mieux ? je ne tremble plus je ne pleure plus Continuer la lecture de rien à attendre
des heures comme maintenant – improvisation 4
j’ai lutté des années entières / je me suis battu comme un chien / contre les flics et les médecins / les contrôleurs / les autorités et les uniformes / contre tous ceux qui prétendaient dicter ma conduite / j’ai lutté des années entières contre la médiocrité / la mienne en premier lieu / contre la phallocratie / le machisme ordinaire / la violence masculine permanente / la mienne en premier lieu / l’instinct de viol / l’instinct de propriété / toutes les bêtises qu’ont peut lire et entendre sur l’instinct… / ça n’existe pas / tu es dressé.e c’est tout / tu apprends à te comporter comme tu es censé.e te comporter / et c’est fou comme ça marche bien / depuis si longtemps / il suffirait de ne pas y penser / de penser à autre chose / il suffirait de se laisser distraire c’est vrai et tout / tout serait beaucoup plus confortable Continuer la lecture de des heures comme maintenant – improvisation 4