Archives de catégorie : 2010 et après

poèmes récents

ce n’est pas passé loin…

Le 15 août dernier, seul à Paris tandis que femme et enfant étaient sur la Côte d’Azur, sans doute le soir (la journée je travaille salarié) et à jeun (peu bu dans l’ensemble cet été, trop fumé par contre), j’ai écrit un billet intitulé Ce blog s’arrête maintenant. Le texte est le suivant :

« Le titre est clair non ?

Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de venir régulièrement lire mes bricoles – n’hésitez pas à faire circuler celles qui vous paraissent tenir la route, j’arrête d’alimenter mais je continue à payer le nom de domaine.

Je ne suis pas convaincu par les textes sur écran. J’ai envie d’objets imprimés qu’on peut ranger dans sa bibliothèque, feuilleter de temps à autre, offrir, faire circuler.

Et puis il y a un projet de roman dans l’air et la temporalité d’un roman n’est pas celle d’un blog. À très bientôt ailleurs. »

Comme d’habitude, je l’ai mis de côté, l’ai laissé reposer avant de décider du bien fondé de sa mise en ligne. Et deux jours après, j’ai écrit un billet sur Drive blind (le groupe, pas la chanson) et je me suis dit qu’arrêter était peut-être prématuré… Il y a aussi l’histoire du roman et je n’arrive pas à me décider encore. Est-ce que j’ai vraiment envie de ça ? Est-ce que j’en suis capable aujourd’hui ? Et quel serait l’objectif ? Chercher un éditeur ?… J’ai fait comme tout le monde à 20 ans, j’ai envoyé mes manuscrits en commençant par Bernard Barrault car il publiait Djian à l’époque. Et j’ai vite laissé tomber. Le marché de la nouvelle et de la poésie est à peu près inexistant et, comme partout, se faire une place minuscule suppose de construire un réseau, rencontrer du monde, se faire voir avant d’éventuellement se faire lire. Je n’avais ni les armes ni les entrées pour jouer le jeu. Et je n’ai pas plus envie de le faire aujourd’hui. Alors un roman, je ne suis pas sûr. Je n’ai pas touché à mes dix pages de notes depuis deux semaines… Le roman, je ne sais pas encore. Quant à ce blog, il ne s’arrêtera pas tout de suite même si, c’est vrai, je préférerais quand même des objets imprimés.

Paris, août 2015

les courses

et je me rappelle à Pau quand je tenais avec 100 francs par semaine
les courses c’était vite vu
un paquet de Marlboro longues
du Gauloises à rouler et un paquet de Rizzla bleu
un Libé, un café et un verre d’eau en terrasse boulevard des Pyrénées parce qu’il n’y a aucune raison de laisser les plaisirs aux bourgeois et aux étudiants fils de bourgeois
puis une plaquette de beurre et des pâtes pour chiens
macaronis premier prix
c’était rapide et c’était à dix centimes près
c’est toujours rapide aujourd’hui mais je compte plus rien et achète les clopes par cartouche
avoir été pauvre m’a servi et quoi qu’il arrive je dépense toujours beaucoup moins que je ne gagne
au rayon yaourts parfois je marque un bref temps d’arrêt car c’est délirant quand même le nombre de produits disponibles y compris dans une supérette parisienne de quartier et c’est évident
une société qui propose 300 types de yaourts différents mérite de crever sous les balles

Paris, 16 août 2016

Drive blind, Be a vegetable, 1996

Si je me suis en juillet dernier inscrit comme contributeur sur Wikipedia, c’est en grande partie pour créer une entrée dédiée à Drive blind. Que le groupe responsable d’un des plus formidables albums de rock’n’roll des années 90 (Be a vegetable, PIAS) soit absent est incompréhensible. Que cet album ne soit plus disponible depuis des années l’est tout autant. En fouillant un peu, j’ai trouvé un élément d’explication : le groupe se sépare peu de temps après la sortie de l’album, en pleine tournée. Juste avant un passage prévu aux Eurockéennes… Et ça m’agace quand je google « Drive blind » de tomber sur le groupe Ride (je viens d’écouter ce titre pour la première fois à l’instant, du Jesus & the Mary Chain pour les nuls, mais c’est une autre histoire). Continuer la lecture de Drive blind, Be a vegetable, 1996

autocensure (improvisation 1)

La règle est simple mais cela ne suffira sans doute pas pour que je la respecte longtemps, je n’ai pas le goût des contraintes durables : écrire vite et d’une traite sur un sujet qui me trotte dans la tête depuis des mois ou des années et qui, velléitaire que je suis, rejoint les projets restants à l’état de projets si je ne me secoue pas un peu de temps à autre. Mais il ne faut pas exagérer : si la matière première est écrite d’une traite, elle est retravaillée ensuite jusqu’à tenir la route. Je n’ai jamais cru une seule seconde aux âneries de ces crétins staliniens de surréalistes français et je crois que les adjectifs précédents peuvent se combiner dans tous les sens… Le premier jet peut donner des pistes, il ne peut être donné à lire. Il faut travailler. Reprendre les mêmes phrases sans cesse. Et chasser le gras, l’inutile. Donc acte. Ce texte a été rédigé le 19 juillet 2015 alors que femme et enfant étaient au cinéma pour un mauvais film et a ensuite été retravaillé à la virgule près. Continuer la lecture de autocensure (improvisation 1)

N’importe quoi

– Il faut qu’on parle dit-elle et comme toujours quand une femme prononce ces mots, j’ai envie de fuir ou de la serrer contre moi en silence mais comme toujours je n’agis pas assez vite et les formules idiotes tombent aussitôt.
– Il faut que je sache si c’est sérieux entre nous. Je ne sais pas comment gérer notre relation. Et je préférerais être sourd qu’entendre pareilles absurdités, et je sais que je ne dois pas réagir de suite. Si je sors ce qui me passe par la tête, notre histoire ne sera ni sérieuse ni amusante, elle sera terminée. Mais quand même… Gérer une relation et me demander si elle est sérieuse. Elle sort ça d’où ? Ça ne veut rien dire. Je gère mon budget à la limite. Je peux jouer à gérer ma carrière si ça m’amuse. Si je pouvais croire que les activités salariées que je suis obligé d’accomplir à intervalles réguliers pouvaient être nommées carrière. Mais gérer une relation. Et c’est bête, ça avait bien commencé nous deux. Plus de cul que de paroles mais ça ne me gênait pas, je me méfie des mots. Il y a trop longtemps que je joue avec.
Elle se tait et me regarde. Qu’est-ce que tu en penses ? Je n’en pense rien mais elle veut autre chose. Je dois faire l’idiot, gagner cinq minutes. Continuer la lecture de N’importe quoi

faute de mieux

Et si là je remplaçais vulgaire par médiocre, est-ce que ça ne sonnerait pas mieux ? « Assise dans le couloir en compagnie de ses amies vulgaires », « assise dans le couloir en compagnie de ses amies médiocres », ou de ses médiocres amies ? non, amies vulgaires, c’est bien comme ça. « Assise dans le couloir en compagnie de ses amies vulgaires, elle buvait son café en souriant et regardait en ma direction ». Et semblait me regarder ? et me regardait l’air de rien ?… C’est quoi la fin déjà ? Ah oui, la soirée en boîte où il la trouve en train de se faire baiser par derrière dans les chiottes alors qu’elle vomit. Il vaut mieux me regardait l’air de rien alors. Continuer la lecture de faute de mieux

dominé

Ça ne veut rien dire tu sais. Rien du tout. Rater sa vie, la réussir. Être à la hauteur avant que de se décevoir une fois, deux fois, mille fois. Ça ne veut rien dire. Les mots tournent. Les formules trop justes, blessantes. Je n’ai pas fait ce qu’il fallait, si j’avais su, si je pouvais recommencer et tu le sais bien, c’est un leurre. Si je pouvais recommencer, je réinventerais d’une façon ou d’une autre les mêmes erreurs. Je ne sais pas apprendre autrement. Tomber, avoir mal, recommencer. Blesser alentour. Panser ses plaies en silence et repartir dans la bataille sans le moindre espoir mais il n’y a vraiment, il n’y a vraiment rien d’autre à faire.

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Brave/lâche garçon

C’est formidable, c’est génial, je peux être fier de moi, de mes actions, de mon attitude, la morale est sauve et je ne culpabiliserai pas et ne serai pas gêné la prochaine fois que je la croiserai et ne ferai pas d’erreur pour essayer de remettre ça, c’est formidable, oh oui, et je suis un lâche, je suis un gentil mari fidèle et c’est vraiment formidable. Je ne m’en lasse pas. Si on se lance pas des fleurs, qui le fera ? Continuer la lecture de Brave/lâche garçon

40 et plus

Je ne sais pas garder mes amis, mes amies, mes amantes. Je ne sais pas non plus garder mes livres – j’ai acheté au moins 5 fois Last exit to Brooklyn et il manque toujours à ma bibliothèque. J’ai dû deux fois déjà revendre tous mes disques et seules les raretés sont restées en ma possession. Je garde peu, j’oublie beaucoup. C’est comme les noms de lieux, les étapes de mes voyages ou les endroits où j’ai pu bosser il y a dix ou vingt ans. Je laisse partir et passe à autre chose. Le passé m’intéresse peu.
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