autocensure (improvisation 1)

La règle est simple mais cela ne suffira sans doute pas pour que je la respecte longtemps, je n’ai pas le goût des contraintes durables : écrire vite et d’une traite sur un sujet qui me trotte dans la tête depuis des mois ou des années et qui, velléitaire que je suis, rejoint les projets restants à l’état de projets si je ne me secoue pas un peu de temps à autre. Mais il ne faut pas exagérer : si la matière première est écrite d’une traite, elle est retravaillée ensuite jusqu’à tenir la route. Je n’ai jamais cru une seule seconde aux âneries de ces crétins staliniens de surréalistes français et je crois que les adjectifs précédents peuvent se combiner dans tous les sens… Le premier jet peut donner des pistes, il ne peut être donné à lire. Il faut travailler. Reprendre les mêmes phrases sans cesse. Et chasser le gras, l’inutile. Donc acte. Ce texte a été rédigé le 19 juillet 2015 alors que femme et enfant étaient au cinéma pour un mauvais film et a ensuite été retravaillé à la virgule près. Continuer la lecture de autocensure (improvisation 1)

sur les Thugs

C’est plus délicat que d’habitude ici. Avec Casey, Drive Blind ou Neil Young,  c’est facile : je connais leur musique, leurs textes, je les ai vus sur scène et si je les croisais dans la rue, je ne les importunerais pas. J’ai un trop grand respect pour ces personnes et surtout,  je n’ai pas grand chose à leur dire, « J’aime beaucoup ce que vous faîtes, merci pour tout » ? Je ne suis pas quelqu’un de bavard, je ne suis pas à l’aise avec la parole. Et suis d’une timidité hautaine.

Avec les Thugs, cela s’est passé différemment. Je les ai vus plus souvent sur scène qu’aucun autre groupe ou artiste (40, 50 fois ?), j’ai partagé des repas avec eux, tenu leur stand parfois, fais du camion dans le centre de la France, taxé des clopes, j’ai même dormi chez Christophe (batterie, chant) à Angers pour une série de concerts au Chabada en 96. Dans mes archives, je dois encore avoir cette carte postale envoyée des US par ce même Christophe lors d’une tournée avec les Girls against Boys. Et puis j’ai abusé. Il m’a recadré gentiment. J’ai continué à déconner et on n’a plus eu vraiment de rapports ensuite. Je n’ai pas été très malin dans l’histoire. Et comme c’est délicat, le plus simple est peut-être de reprendre les faits dans l’ordre chronologique. Continuer la lecture de sur les Thugs

d’une semaine l’autre

SAMEDI

Prendre la voiture et regarder l’heure, putain c’est pas vrai, avant d’ouvrir la vitre et d’élever la voix, mais magne-toi bordel, qu’est-ce que tu fous ? on a rendez-vous à quinze heures trente, son visage apparaît à la fenêtre, ça va, t’excite pas, j’arrive, et lui se retient pour ne pas la traiter de tous les noms, il en a envie mais il la ferme, il refuse de rentrer dans son petit jeu, il sait très bien où elle veut en venir. Et ce dont elle est capable. Il a l’habitude. Soupire. Reste calme mon grand, respire tout doucement. Amplement. Oui, c’est bien. Bientôt trois ans que ça dure, il commence à la connaître. Elle a toujours le dernier mot, ça n’en vaut pas la peine. Et puis, quand elle boude, inutile d’espérer baiser. Déjà que souvent, elle se défile. Continuer la lecture de d’une semaine l’autre

N’importe quoi

– Il faut qu’on parle dit-elle et comme toujours quand une femme prononce ces mots, j’ai envie de fuir ou de la serrer contre moi en silence mais comme toujours je n’agis pas assez vite et les formules idiotes tombent aussitôt.
– Il faut que je sache si c’est sérieux entre nous. Je ne sais pas comment gérer notre relation. Et je préférerais être sourd qu’entendre pareilles absurdités, et je sais que je ne dois pas réagir de suite. Si je sors ce qui me passe par la tête, notre histoire ne sera ni sérieuse ni amusante, elle sera terminée. Mais quand même… Gérer une relation et me demander si elle est sérieuse. Elle sort ça d’où ? Ça ne veut rien dire. Je gère mon budget à la limite. Je peux jouer à gérer ma carrière si ça m’amuse. Si je pouvais croire que les activités salariées que je suis obligé d’accomplir à intervalles réguliers pouvaient être nommées carrière. Mais gérer une relation. Et c’est bête, ça avait bien commencé nous deux. Plus de cul que de paroles mais ça ne me gênait pas, je me méfie des mots. Il y a trop longtemps que je joue avec.
Elle se tait et me regarde. Qu’est-ce que tu en penses ? Je n’en pense rien mais elle veut autre chose. Je dois faire l’idiot, gagner cinq minutes. Continuer la lecture de N’importe quoi

Hors d’atteinte (roman)

incontinence : (XII : lat. incontinencia)
1. vx ou littér. : défaut de continence, absence de retenue à l’égard des plaisirs de la chair.
2. absence de retenue (en matière de langage).
3. méd (1752) émission involontaire de matières fécales ou d’urine. ”
Petit Robert, édition 1986.

1.
La première fois, c’était en sortant du cinéma. CGR place Saint Louis, salle 5. Trente balles la place du lundi au vendredi 18 heures. Quarante sinon. Comptez vingt bonnes minutes de pubs et dix de bandes-annonces avant le film, les unes aussi bruyantes que les autres. Juste le temps d’avaler son seau de pop-corn, son demi-litre de soda noyé en glaçons mais là j’ai oublié le tarif, je n’aime pas les sucreries. Et mes dents ne tiennent déjà plus la route. Continuer la lecture de Hors d’atteinte (roman)

faute de mieux

Et si là je remplaçais vulgaire par médiocre, est-ce que ça ne sonnerait pas mieux ? « Assise dans le couloir en compagnie de ses amies vulgaires », « assise dans le couloir en compagnie de ses amies médiocres », ou de ses médiocres amies ? non, amies vulgaires, c’est bien comme ça. « Assise dans le couloir en compagnie de ses amies vulgaires, elle buvait son café en souriant et regardait en ma direction ». Et semblait me regarder ? et me regardait l’air de rien ?… C’est quoi la fin déjà ? Ah oui, la soirée en boîte où il la trouve en train de se faire baiser par derrière dans les chiottes alors qu’elle vomit. Il vaut mieux me regardait l’air de rien alors. Continuer la lecture de faute de mieux