Noir Désir (Myriam) et moi (2)

Noir Désir, mais j’ai déjà essayé une fois de l’écrire, et je n’en ai pas fini avec eux, fut témoin et acteur de toutes mes étapes importantes ces 25 dernières années. Ce qui fait un peu beaucoup.

Au cœur il y a Myriam évidemment et je n’en parle jamais, à personne. C’est de l’histoire ancienne. Et je déteste les gens qui radotent. Les mêmes vieilles histoires, tout le temps. C’est insupportable… Myriam n’existe plus même si je la google encore tous les trois ou quatre ans une quelconque nuit où je suis seul et saoul à la maison ce qui m’a permis d’apprendre son mariage il y a déjà longtemps, en 2011 peut-être, à un ou deux ans près, je ne suis pas fan des précisions chronologiques, en Bretagne évidemment. Cela fait 18 ans que nous ne nous ne sommes ni croisés ni adressés la parole et ce fut la première femme de ma vie et sans aucun doute la plus déterminante.
Continuer la lecture de Noir Désir (Myriam) et moi (2)

Barcelone, notes juillet 2014

Les lieux parfaits

Les lieux ne changent rien à l’affaire tant que je peux trouver un coin pour écrire, un paquet de cigarettes et une poignée de bières. Le confort varie, la qualité des petits déjeuners également. J’observe. Le style des filles,  les jeux pour enfants, les jeunes en troupeaux. J’observe et ne retiens rien. Les lieux sont un décor de faible importance. Oh bien sûr parfois tout se met en place à la perfection et je me dis j’aimerais bien vivre là. Les lieux parfaits ne méritent guère plus qu’un conditionnel.

UAB, 3 juillet 2014

Continuer la lecture de Barcelone, notes juillet 2014

Le corps et les restes

Toutes ces histoires, toutes ces belles et grandes histoires, l’âme, la volonté, l’intelligence et la réflexion, la toute puissance de l’esprit, oui bien sûr, c’est vrai, ça compte, on ne peut le nier, je suis chercheur après tout, chercheur précaire mais chercheur quand même, mais aujourd’hui, et les jours et les semaines, les mois qui précèdent, plus d’un an que ça dure, depuis que j’ai commencé à préparer ce fichu concours, et avec ma femme, on en rigole, c’est les options qui lâchent dit-elle, et c’est infernal comme le corps et ses douleurs prennent le dessus, balayant tout sur leur passage, la joie et le soleil, les plaisirs les plus simples comme les plus rares, et même devant mon fils aujourd’hui je ne sais plus jouer la comédie en permanence et souvent je grimace, il m’arrive d’avoir les larmes aux yeux.
Continuer la lecture de Le corps et les restes

Noir Désir et moi (1)

Je ne sais par où commencer même si point et lieu de départ sont connus. Issoudun, 1987, dans la chambre de Yann D. Yann D, je l’aperçois encore une fois tous les deux-trois ans lorsque j’emmène mon fils en vacances chez ma mère, il est journaliste à la Nouvelle République maintenant. Je me rappelle, ce devait être  en 1992, il était en école de journalisme alors et faisait son stage aux Inrockuptibles, première formule, bimestriel en noir & blanc et chroniques impeccables. Les seuls à l’époque à pouvoir en France mettre les Pixies ou PJ Harvey en couverture – j’ai encore les numéros dans un placard proche. Je les relis parfois en diagonale. Je connais la plupart des textes par cœur. Il a décroché un stage, écrit une chronique de disque et j’ai alors pensé qu’il m’avait volé ma place. J’étais fait pour écrire là, c’était comme ma famille, mes grands frères idéaux. Ça ne s’est pas fait. Lui a fait une école de journalisme et moi non, j’ai fait d’autres choses et dans le désordre. Mais lieu et point de départ sont connus. Continuer la lecture de Noir Désir et moi (1)

Pris dans la rue / Hivernal

Pris dans la rue 1

Tu marches vite et l’on s’écarte sur ton passage. Ton visage est fermé à double tour, concentré sur un seul objectif, marcher, marcher le plus vite possible, avaler les obstacles, anticiper les ralentissements afin de les détruire. Ne pas se laisser distraire. Ne pas se laisser bouffer. Seules les informations utiles seront traitées. Le feu passe au rouge, les deux filles vont stopper devant la vitrine, le type à la poussette contourne la poubelle sur la gauche, attention, un gamin en rollers. Surtout ne pas freiner. Ralentir c’est mourir. Ralentir c’est baisser les armes. Et surtout ne donner aucune prise. Les gens se croient tout permis sinon. Le corps doit fonctionner à vive allure jusqu’à prendre toute la place. Tester la machine. Sa résistance, ses capacités. Lui faire confiance. Tu ne te rends pas au travail ou à un rendez-vous, non, tu as tout ton temps et tu choisis tes propres contraintes. Tu ne regardes pas le paysage, tu ne regardes ni les filles ni les garçons,tu ne t’attaches pas aux détails, tu marches pour épuiser la ville et, tu en es convaincu, bientôt tu y parviendras. Continuer la lecture de Pris dans la rue / Hivernal

Écrire sur le rock, première partie

Écrire sur le rock est sans doute l’un de mes projets les plus anciens et celui qui me paraît, et j’essaye ici de comprendre et d’expliquer pourquoi, le plus difficile à mettre en œuvre. Avant le billet consacré aux Bérurier noir publié il y a quelques mois sur ce blog, je n’avais jamais réussi à terminer quoi que ce soit. Pas la moindre critique d’album, pas le plus petit compte rendu de concert. J’ai pourtant essayé. Je me suis obstiné comme rarement. J’ai brouillonné pendant des heures. J’en ai rempli des tiroirs de ratures avant de tout jeter. Comme si la barre était trop haute… Écrire un poème, une nouvelle, un roman, aucun problème, je sais faire – c’est moins bon que je ne le souhaiterais mais je sais faire -, je me suis dressé pour ça, mais écrire pourquoi Où veux-tu qu’je r’garde (Noir Désir, Barclay, 1987) a changé ma vie, là non, je n’ose ni n’y parviens. Et c’est bizarre quand même.
Continuer la lecture de Écrire sur le rock, première partie

20 décembre 1995

20-12-95. Seul. Mes cellules ont augmenté leur taux de mortalité. Les yeux ouverts, impuissant. Codevi : 173 francs. Compte chèques : – 2615,92 francs. Personne n’appelle, Myriam non plus. Cessé d’avoir mal gelé. Dominer quelques minutes ma désespérance, le froid réapparaît. Léo Ferré. Notre pitance incertaine. Bilan triste à pleurer. Faillite. La tendresse s’en va toute seule. Du vent et des bijoux. J’aimerais tant oublier. Continuer la lecture de 20 décembre 1995