Archives de catégorie : fatras

textes (à peu) autobiographiques

années meurtrières

Les années 80 furent meutrières

Lorsque je discute avec mes jeunes camarades et qu’on aborde les années 80, les mêmes formules reviennent sans cesse et dans leurs esprits, les années 80 étaient rigolotes. La musique. Les fringues, les coiffures, les couleurs. Ils et elles ont vingt-cinq ou trente ans et si je leur demande combien de fois ils ont enterré de gens de leur âge, la réponse est souvent zéro, dépasse exceptionnellement l’unité.

On crevait d’ennui en ces années et on préférait se tuer en bagnole ou se pendre à vingt ans et celles et ceux qui passaient entre les gouttes ont pu tranquillement passer à l’héroïne ou au sida. Ce fut un massacre. En 1989, à dix-huit ans, j’avais cinq ami-e-s sous terre et c’était une petite ville tranquille… Continuer la lecture de années meurtrières

consommation (improvisation 2) / société marchande

Le principe est le même que la dernière fois et comme la dernière fois, femme et enfant sont au cinéma pour un mauvais film encore, américain cette fois-ci, les mauvaises comédies françaises ça va bien cinq minutes mais il ne faut pas en abuser. Écrire d’une traite sur un sujet qui me poursuit depuis quelques mois ou davantage et que je n’ai jamais pris la peine de coucher sur le papier, écrire d’une traite puis retravailler la bricole autant qu’il le faudra et quand ça tient à peu près la route, balancer en ligne pour les quelques personnes que ça peut intéresser. Et dans la rubrique Fatras qui, je le rappelle, est la seule à pouvoir être qualifiée d’autobiographique sur ce blog. Il est donc normal qu’elle soit peu fournie, ma vie est une matière pauvre – je n’aime rien tant que les habitudes, et puis lire, et écrire. Continuer la lecture de consommation (improvisation 2) / société marchande

PJ Harvey, Dry, 1992

PJ Harvey a mon âge, ce qui aujourd’hui ne signifie pas grand chose tant vivre est devenu une habitude à laquelle on ne réfléchit plus guère. Il y a des moments où ça va bien et d’autres où c’est une horreur, il y a des crises, des doutes mais bon, ça fait plus de quarante que ça dure et on finit par savoir un peu se défendre, quitte à s’abimer dans des produits divers et variés, légaux ou non. Ça arrive encore de s’effondrer en larmes la nuit venue mais le lendemain on va acheter les croissants pour les enfants avant de partir au boulot l’air de rien.

PJ Harvey avait mon âge en 1992, ce qui change tout. Une femme de mon âge en couverture des Inrockuptibles. Une femme de mon âge passant chez Lenoir toutes les semaines. Mais surtout une femme de mon âge capable d’écrire sur son dépucelage (Happy and bleeding) ou sur le triolisme (Oh my lover). Moi qui n’avais encore jamais touché la moindre femme. Une femme capable de mener un groupe au son sec et brutal, moi qui savais tout juste aligner trois accords après des dizaines d’heures à m’esquinter les doigts sur une guitare acoustique de qualité médiocre. Continuer la lecture de PJ Harvey, Dry, 1992

Radio Béton ! Tours, 93.6

Il y a la chanson célèbre de ce vieux con* de Lou Reed, « My life was saved by rock’n’roll » sur le dernier album du Velvet (je ne compte pas Squeeze) et je sais que certains et certaines pensent que c’est exagéré, c’est comme parler de livres ou de films qui ont changé notre vie, concrètement ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si je n’avais pas lu Last exit to Brooklyn et Bukowski à dix-sept ans, ma vie n’aurait pas été ce qu’elle a été et si je n’avais pas vu Un monde sans pitié à dix-huit, pareil, je serais devenu une autre personne. Ce n’est pas le rock’n’roll qui a sauvé la mienne durant l’année universitaire 1989-1990, c’est une station de radio tourangelle. Voulant devenir écrivain, je m’étais inscrit en Lettres modernes – je ne savais rien encore, j’étais un puceau mal dans sa peau bouffé par la trouille. J’avais peur de mon corps, de l’avenir et des femmes évidemment. Je n’étais pas armé. Continuer la lecture de Radio Béton ! Tours, 93.6

sur les concerts et les services d’ordre

Découvrir l’émission de radio Konstroy puis le site d’annonce de concerts razibus.net a changé du tout au tout ma consommation de concerts et m’a permis de réfléchir un tout petit peu sur l’inutilité manifeste des services d’ordre. Je ne parle pas ici des festivals estivaux où je n’ai pas mis les pieds depuis Noir désir aux Eurockéennes en 1995 ni des hangars type Zénith ou Bercy. Je parle des concerts où la proximité physique et le nombre de personnes permet d’espérer un minimum d’échanges et d’émotions non exclusivement marchands.
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ce n’est pas passé loin…

Le 15 août dernier, seul à Paris tandis que femme et enfant étaient sur la Côte d’Azur, sans doute le soir (la journée je travaille salarié) et à jeun (peu bu dans l’ensemble cet été, trop fumé par contre), j’ai écrit un billet intitulé Ce blog s’arrête maintenant. Le texte est le suivant :

« Le titre est clair non ?

Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de venir régulièrement lire mes bricoles – n’hésitez pas à faire circuler celles qui vous paraissent tenir la route, j’arrête d’alimenter mais je continue à payer le nom de domaine.

Je ne suis pas convaincu par les textes sur écran. J’ai envie d’objets imprimés qu’on peut ranger dans sa bibliothèque, feuilleter de temps à autre, offrir, faire circuler.

Et puis il y a un projet de roman dans l’air et la temporalité d’un roman n’est pas celle d’un blog. À très bientôt ailleurs. »

Comme d’habitude, je l’ai mis de côté, l’ai laissé reposer avant de décider du bien fondé de sa mise en ligne. Et deux jours après, j’ai écrit un billet sur Drive blind (le groupe, pas la chanson) et je me suis dit qu’arrêter était peut-être prématuré… Il y a aussi l’histoire du roman et je n’arrive pas à me décider encore. Est-ce que j’ai vraiment envie de ça ? Est-ce que j’en suis capable aujourd’hui ? Et quel serait l’objectif ? Chercher un éditeur ?… J’ai fait comme tout le monde à 20 ans, j’ai envoyé mes manuscrits en commençant par Bernard Barrault car il publiait Djian à l’époque. Et j’ai vite laissé tomber. Le marché de la nouvelle et de la poésie est à peu près inexistant et, comme partout, se faire une place minuscule suppose de construire un réseau, rencontrer du monde, se faire voir avant d’éventuellement se faire lire. Je n’avais ni les armes ni les entrées pour jouer le jeu. Et je n’ai pas plus envie de le faire aujourd’hui. Alors un roman, je ne suis pas sûr. Je n’ai pas touché à mes dix pages de notes depuis deux semaines… Le roman, je ne sais pas encore. Quant à ce blog, il ne s’arrêtera pas tout de suite même si, c’est vrai, je préférerais quand même des objets imprimés.

Paris, août 2015

Drive blind, Be a vegetable, 1996

Si je me suis en juillet dernier inscrit comme contributeur sur Wikipedia, c’est en grande partie pour créer une entrée dédiée à Drive blind. Que le groupe responsable d’un des plus formidables albums de rock’n’roll des années 90 (Be a vegetable, PIAS) soit absent est incompréhensible. Que cet album ne soit plus disponible depuis des années l’est tout autant. En fouillant un peu, j’ai trouvé un élément d’explication : le groupe se sépare peu de temps après la sortie de l’album, en pleine tournée. Juste avant un passage prévu aux Eurockéennes… Et ça m’agace quand je google « Drive blind » de tomber sur le groupe Ride (je viens d’écouter ce titre pour la première fois à l’instant, du Jesus & the Mary Chain pour les nuls, mais c’est une autre histoire). Continuer la lecture de Drive blind, Be a vegetable, 1996

autocensure (improvisation 1)

La règle est simple mais cela ne suffira sans doute pas pour que je la respecte longtemps, je n’ai pas le goût des contraintes durables : écrire vite et d’une traite sur un sujet qui me trotte dans la tête depuis des mois ou des années et qui, velléitaire que je suis, rejoint les projets restants à l’état de projets si je ne me secoue pas un peu de temps à autre. Mais il ne faut pas exagérer : si la matière première est écrite d’une traite, elle est retravaillée ensuite jusqu’à tenir la route. Je n’ai jamais cru une seule seconde aux âneries de ces crétins staliniens de surréalistes français et je crois que les adjectifs précédents peuvent se combiner dans tous les sens… Le premier jet peut donner des pistes, il ne peut être donné à lire. Il faut travailler. Reprendre les mêmes phrases sans cesse. Et chasser le gras, l’inutile. Donc acte. Ce texte a été rédigé le 19 juillet 2015 alors que femme et enfant étaient au cinéma pour un mauvais film et a ensuite été retravaillé à la virgule près. Continuer la lecture de autocensure (improvisation 1)

sur les Thugs

C’est plus délicat que d’habitude ici. Avec Casey, Drive Blind ou Neil Young,  c’est facile : je connais leur musique, leurs textes, je les ai vus sur scène et si je les croisais dans la rue, je ne les importunerais pas. J’ai un trop grand respect pour ces personnes et surtout,  je n’ai pas grand chose à leur dire, « J’aime beaucoup ce que vous faîtes, merci pour tout » ? Je ne suis pas quelqu’un de bavard, je ne suis pas à l’aise avec la parole. Et suis d’une timidité hautaine.

Avec les Thugs, cela s’est passé différemment. Je les ai vus plus souvent sur scène qu’aucun autre groupe ou artiste (40, 50 fois ?), j’ai partagé des repas avec eux, tenu leur stand parfois, fais du camion dans le centre de la France, taxé des clopes, j’ai même dormi chez Christophe (batterie, chant) à Angers pour une série de concerts au Chabada en 96. Dans mes archives, je dois encore avoir cette carte postale envoyée des US par ce même Christophe lors d’une tournée avec les Girls against Boys. Et puis j’ai abusé. Il m’a recadré gentiment. J’ai continué à déconner et on n’a plus eu vraiment de rapports ensuite. Je n’ai pas été très malin dans l’histoire. Et comme c’est délicat, le plus simple est peut-être de reprendre les faits dans l’ordre chronologique. Continuer la lecture de sur les Thugs

Fauve≠

Mars 2014

Je n’ai pas écouté l’album, pas encore, – je viens de récupérer des compil’ de rap australien*, j’ai des priorités – , je n’irai pas les voir en concert – ça doit suer l’adulation à peine pubère, ça risquerait de m’énerver, et puis c’est impossible d’avoir des places sur Paris -, une chanson sur deux m’agace mais tout de même, la claque, il y avait quelques années que je n’avais pas ressenti ce frisson, cette urgence, les chansons en boucle et les paroles qui s’imposent en deux écoutes à peine. L’impression que ce texte (Kané, Blizzard), c’est ma vie qui défile mieux que je ne saurais l’écrire. Je connais ce qu’ils racontent. Je le connais par cœur. Comme dans Un monde sans pitié. « Qu’est-ce qu’ils nous ont laissé putain ? On n’a plus qu’à être amoureux comme des cons ». Comme Sixteen again des Buzzcocks, Aujourd’hui maintenant d’Expérience ou Entre deux feux de Programme. Continuer la lecture de Fauve≠