Archives de catégorie : 2010 et après

poèmes récents

Audition 1 et 2

Audition 1

L’angoisse qui monte et contamine toute la famille. Mon gosse tremble pour moi, il en fait des cauchemars et lorsqu’il me demande si je suis prêt, il a des sanglots dans la voix, détends-toi chéri, mais détends-toi à la fin. Rien ne devrait se payer si cher. Répète-le après moi, ce n’est qu’un concours, et si tu le rates aucune importance, l’avenir t’appartient car tu as du talent, il faut juste apprendre à le vendre.
Une cafétéria déserte et contre le mur du fond un large aquarium où trois quatre poissons attendent comme moi
L’angoisse qui monte
Je passe dans dix minutes Continuer la lecture de Audition 1 et 2

Gin tonic

elle est assise à quelques mètres
à contre-jour
je ne peux la regarder et même si je le pouvais
sans doute je n’oserais pas

c’était rigolo hier
j’envoie un mail
elle passe dans ma chambre et tout de suite je propose qu’on aille bosser ailleurs alors que depuis des années je rêve qu’un soir enfin elle me rejoigne
nous partons nous installer à la réception
et parlons travail Continuer la lecture de Gin tonic

Le style, l’alcool et un concours raté

Bien sûr le style. C’est tout ce qui compte non ? le style. Tu sais bien. Céline, Djian, Bukowski, Selby, tous ces gens-là, tous ceux que tu ne seras jamais. Tu n’as pas pas l’audace. Tu n’as pas le style. Tu n’as pas ce qu’il faut. La flamme. Les visions. La vie qu’il faudrait, et l’élégance. Et surtout tu ne travailles pas assez. Tu crois encore à ces fables sur l’inspiration. Au lieu de reprendre tes phrases tous les jours quoi qu’il arrive, tu griffonnes trois quatre lignes de loin en loin, le plus souvent ivre, et ça ne vaut rien, tu le sais depuis le temps. Et tu continues à jouer l’écrivain, espérant sans doute impressionner des jeunes filles auxquelles tu ne sais pas parler. C’est décevant dans l’ensemble. Continuer la lecture de Le style, l’alcool et un concours raté

pas de nouvelles

Elle ne donne pas de nouvelles alors je ne lui en demande pas. J’ai peur pour elle. Qu’elle ne s’en sorte pas. Qu’elle aille mal. Ça ne lui coûterait rien un mail ou un coup de fil. Mais c’est faux. Cela fait maintenant quatre ans que j’ai envie d’elle. Envie de tout plaquer pour elle. Même si je sais que je ne quitterai pas ma femme, mon gosse, notre appart et ma vie parisienne. Quatre ans que j’écris des poèmes et des nouvelles sur mon désir et notre histoire. Que je n’en publie aucun – je lui ai promis de ne rien mettre en ligne tant qu’elle n’aurait pas terminé sa thèse. Peur de la gêner, de la compromettre. Peur de déclencher des crises idiotes alors qu’il ne s’agit que d’un fantasme destiné à rester à l’état de fantasme. N’empêche. Cela fait des mois qu’elle n’a pas donné signe de vie et je m’inquiète. Et plutôt que de la contacter, comme toujours, je préfère noircir les pages de mon cahier.

TGV Paris – Aix, 25 juin 2015

La morale est sauve et je n’aime pas vraiment ça

Il y a quatre mois je l’aimais. Je pensais à elle sans cesse. Ne me masturbais qu’en sa compagnie. Je voulais passer mon temps avec elle, mes nuits et mes journées. Ce n’est rien quatre mois. Je l’aimais et ce n’était pas possible. J’aime ma femme. J’aime mon gamin. Je veux continuer avec eux deux. Je déteste le mensonge aussi. Je ne pourrais pas tromper ma femme sans lui en parler ensuite. Lui expliquer qui, où et pourquoi, comment, j’entrerais dans les détails. Elle souffrirait ma femme, elle en prendrait plein la gueule et réagirait mal mais c’est normal non ? Je n’ai aucun goût pour les cris et les pleurs, les drames du quotidien et les engueulades grotesques, et je n’aime pas faire souffrir celles et ceux que j’aime – je ne prétends pas à l’originalité. Continuer la lecture de La morale est sauve et je n’aime pas vraiment ça

Tromper ma femme

Rappel : seule la rubrique fatras de ce blog est autobiographique. Les textes des autres rubriques sont des réalités parfois personnelles et toujours alternatives…

1. Accroché

Je ne me suis pas longtemps posé la question quand elle m’a proposé de le faire. Il y a ma femme, mon gosse, la stabilité affective à laquelle je m’accroche pour rester entier. Et puis elle ne m’attire pas plus que ça. Son corps est correct, sans plus, et elle parle beaucoup trop. Elle attend, elle sourit. Reprend une gorgée de bière. Je bande bien entendu. Je souris à mon tour. Ce n’est même plus une question de morale. De principe. Si je devais tromper ma femme avec quelqu’un, je préférerais que ce soit avec une autre, avec Marion, avec Julie, je connais des jeunes femmes beaucoup plus attirantes. Continuer la lecture de Tromper ma femme

sur les concerts et les services d’ordre

Découvrir l’émission de radio Konstroy puis le site d’annonce de concerts razibus.net a changé du tout au tout ma consommation de concerts et m’a permis de réfléchir un tout petit peu sur l’inutilité manifeste des services d’ordre. Je ne parle pas ici des festivals estivaux où je n’ai pas mis les pieds depuis Noir désir aux Eurockéennes en 1995 ni des hangars type Zénith ou Bercy. Je parle des concerts où la proximité physique et le nombre de personnes permet d’espérer un minimum d’échanges et d’émotions non exclusivement marchands.
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